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- Lutte ouvrière n°2262
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Leur société
Marseille : La flambée de la taxe d'habitation dans les quartiers populaires
À Marseille, la taxe d'habitation a fait un tel bond dans certains quartiers populaires que les habitants se retrouvent avec des sommes considérables à verser avant le 15 décembre.
Par exemple à la Rose, quartier de grandes cités, la taxe d'habitation pour un T2 est passée de 579 euros en 2010 à 706 euros cette année. À la Maurelette, cité populaire très mal desservie par les transports en commun, un T4 est passé de 807 euros à 1 132 euros. Pour beaucoup, une telle augmentation est insupportable, comme pour cet ouvrier à temps partiel dont la taxe est passée de 110 euros à 420 euros.
Le Centre des impôts de la place Sadi-Carnot, qui gère les arrondissements populaires des 3e, 15e et 16e, est assailli tous les jours par des files interminables d'habitants affolés, où chacun raconte son problème à ses voisins. La queue se forme dès le matin. Les employés, submergés, quelquefois pris à partie, se mettent en quatre pour expliquer, prévenir et faire le maximum pour aider les contribuables.
La majorité de droite du Conseil municipal de Marseille a en effet augmenté le taux de la taxe d'habitation qui s'applique sur toute la ville et a fait passer l'abattement sur la taxe existant jusqu'alors de 15 % à 5 %, ce qui permettra à la ville de récupérer 23 millions d'euros supplémentaires. Cette modification touche très lourdement les foyers les plus modestes. Le Parlement, quant à lui, avait ajouté 2 % sur la valeur locative qui est la base du calcul de la taxe.
Quant à la Communauté urbaine, de gauche, elle s'est contentée de recevoir un peu plus d'argent, sans protester contre cette ponction sur les classes populaires.
Lors d'une réunion à la mairie des 15e-16e, un habitant de la cité Saint-Louis disait que sa taxe avait augmenté de 300 %... Fait-on payer aux habitants de cet ensemble très modeste de petites maisons les travaux qu'ils ont effectués, depuis quarante ans qu'ils y habitent, pour les améliorer, alors qu'elles n'avaient ni WC ni eau courante ?
Toutes ces augmentations ont lieu sans que les transports en commun ou les autres services publics se soient améliorés en quoi que ce soit dans ces quartiers. De plus, l'augmentation est bien différente selon les quartiers. La taxe explose dans les quartiers pauvres et reste plus stable dans les quartiers riches.
Dans le quartier d'Endoume, les logements occupés par une bourgeoisie cossue d'avocats, de médecins et de hauts fonctionnaires continuent à être imposés, pour certains, comme s'ils étaient de simples cabanons de pêcheurs. Les quartiers Nord, avec leurs immenses barres d'HLM, sont bien plus augmentés que les quartiers riches au sud. Ainsi, un cinq-pièces dans le quartier cossu de Perier est taxé 980 euros.
En 1970, lors de l'estimation qui avait découpé Marseille en trois secteurs, les HLM des quartiers Nord avaient certes l'eau courante et le tout-à-l'égout, tandis que le reste de la ville avait souvent des caisses à eau sur les toits et des fosses pour les égouts. Mais cela a bien changé. C'est pourtant sur ce découpage de 1970 qu'est établie la taxe d'habitation.
Face à tout cela, se retrouvant pris à la gorge, des centaines d'habitants en colère essaient de se défendre et de s'organiser.