Marotte -- Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) : Les ouvriers ne tombent pas dans le panneau07/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2262.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Marotte -- Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) : Les ouvriers ne tombent pas dans le panneau

L'entreprise Marotte, située à Saint-Ouen, qui fabrique des panneaux d'ébénisterie depuis plus de cinquante ans, a été rachetée il y a cinq ans par le groupe Ober. Mais si Marotte fabrique des produits haut de gamme, les travailleurs, eux, ne vivent pas vraiment dans le luxe.

Travail en équipes alternées et le week-end, annualisation, nombreuses suppressions de postes qui alourdissent la charge de travail, sont le quotidien de tous. En 2011, si pour la troisième année consécutive les actionnaires ont touché 1,2 million d'euros de dividendes, pour les travailleurs il n'y a pas eu d'augmentation du tout, pas même les maigres 35 euros de 2010.

Et pourtant la direction du groupe Ober a décidé de se débarrasser de la plus grande partie des ouvriers travaillant sur le site et, à terme, de tous les salariés de production. Il s'agit de réaliser un profit avec la vente des terrains de Marotte, situés à 500 mètres de Paris. Un rapport de l'expert-comptable désigné par les délégués au Comité d'entreprise met d'ailleurs l'accent sur le fait, connu de tous les ouvriers, que la direction a délibérément décidé de ne plus investir à Saint-Ouen et détourne les commandes sur d'autres sites du groupe.

Pour la cinquantaine d'ouvriers de l'usine, dont certains présents depuis plusieurs dizaines d'années, maladies professionnelles et bas salaires compris (avec plus de trente ans d'ancienneté, on touche à peine plus de 1 200 euros), cela signifie être privé de son gagne-pain. Après avoir tenté de pousser dehors les ouvriers dans le cadre d'un plan de départs volontaires, le patron a dû proposer en octobre un « plan de sauvegarde de l'emploi », avec reclassement sur l'un des sites du groupe, près de Bar-le-Duc. Dans les ateliers concernés, le taillage/jointage, les presses, la finition et le magasin placage, 17 ouvriers sur 26 sont menacés, les travailleurs handicapés n'étant pas épargnés. Ce qui attend ceux qui refuseront, c'est le licenciement avec à peine plus que les indemnités légales.

Or le 23 novembre, lors de la troisième réunion d'information sur le projet de PSE entre le Comité d'entreprise et la direction, à la surprise du patron -- la dernière grève dans cette PME datant de mai 1968 --, les délégués ne vinrent pas seuls. La moitié des ouvriers avaient débrayé pour assister à la réunion, avec l'intention de ne pas s'en laisser conter. Le patron dut sortir s'expliquer dans la cour de l'usine et entendre les travailleurs lui dire ce qu'ils pensaient. Et le débrayage a continué pratiquement tout l'après-midi.

L'heure est maintenant à la discussion dans les ateliers et à l'attente de propositions permettant, au minimum, à tous de vivre normalement jusqu'à trouver un autre emploi. Car de l'argent, Ober en a. Le groupe vient même, entre autres, de s'offrir en 2010 une usine en Tunisie. Et ces profits, accumulés grâce au travail des ouvriers, doivent servir à leur garantir une vie décente.

Contre les licenciements chez Marotte, salariés et syndicats appellent à un rassemblement, samedi 10 décembre à 10 heures, place de la République à Saint-Ouen.

Partager