Nos lecteurs écrivent : Ce ne sont pas les salariés malades qui abusent07/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2262.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent : Ce ne sont pas les salariés malades qui abusent

Médecin urgentiste dans un hôpital de province, quand j'entends dire que le gouvernement va faire la chasse aux arrêts maladie abusifs qui nous sont encore présentés comme responsables du mauvais état dans lequel se trouvent les finances de la Sécurité sociale, je ne peux pas ne pas témoigner de ce qu'est mon quotidien.

En effet il est rare, voire très rare, que j'éprouve le sentiment qu'un patient « abuse » en me demandant un arrêt maladie qu'il ne me serait pas venu à l'esprit de lui proposer. Par contre il est de plus en plus fréquent, il ne se passe quasiment plus une seule garde sans que je ne me retrouve face à des gens souvent victimes d'accidents et qui refusent les arrêts maladie qu'il me semble pourtant indispensable de leur délivrer.

On a beau leur expliquer à quel point cela met en péril leur guérison, ces « éclopés » à qui on vient de faire un plâtre ou bien de suturer une plaie, ou encore qui arrivent à peine à marcher des suites d'un lumbago, pour ne citer que quelques exemples, veulent à tout prix éviter l'arrêt de travail. Et il ne s'agit pas là que d'artisans qui craignent que leur entreprise périclite, non, il s'agit le plus souvent de salariés, parfois intérimaires mais pas forcément, du public comme du privé. Ils craignent pour leur emploi, craignent de perdre une prime pour « absentéisme », ou tout simplement subissent une telle pression qu'ils n'imaginent même plus avoir le droit de se reposer sans porter « préjudice » à leur entreprise...

Non, si Sarkozy cherche des abus, des escroqueries à la Sécurité sociale, ce n'est pas chez les salariés malades ou blessés qu'il les trouvera, à mon avis. Par contre, cette démagogie en dit long sur la violence des coups qu'il entend encore porter aux travailleurs de toutes catégories, en voulant les culpabiliser, et sur l'avenir bien sombre qu'il réserve à l'accès aux soins pour tous.

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