En Belgique : Le fabricant Eternit condamné à payer 250 000 euros à une victime07/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2262.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

En Belgique : Le fabricant Eternit condamné à payer 250 000 euros à une victime

Lundi 28 novembre, les survivants d'une famille décimée par l'amiante ont gagné leur procès contre la société Eternit, condamnée à lui verser 250 000 euros.

Françoise Jonckheere, une habitante de Kapelle-op-den-Bos, était décédée en 2000 d'un cancer de la plèvre, le mésothéliome, causé par l'exposition à l'amiante. Son mari, qui avait travaillé chez Eternit pendant des années, était décédé treize ans avant de cette même maladie. Selon le quotidien La Libre Belgique : « À Kapelle, on meurt 11 fois plus du mésothéliome que dans le reste du pays. » Françoise Jonckheere était décédée quelques mois après avoir lancé son action en justice. Ses cinq fils ont continué son combat mais, depuis, deux d'entre eux sont morts du même cancer.

L'amiante est interdite en Belgique seulement depuis 2005 (1997 en France) mais reste très présente y compris dans les écoles. Il est estimé qu'il faudra au moins quarante ans pour en débarrasser tout le pays. Pour les victimes de l'amiante en Belgique, ce procès était une première.

Le tribunal n'a pas suivi les allégations du fabricant d'amiante qui prétendait avoir rempli ses obligations et protégé ses salariés des risques connus, osant même affirmer qu'il n'y avait pas faute de sa part et faisant mine de découvrir que les mesures qu'il prenait étaient « insuffisantes ». Tout au contraire, le juge a estimé qu'Eternit avait commis une faute en continuant à utiliser de l'amiante en en minimisant des dangers connus depuis très longtemps.

On sait que les dangers de l'amiante avaient été détectés dès 1906, au point qu'en 1919 les compagnies d'assurances anglo-saxonnes supprimaient leurs garanties pour les matériaux utilisant de l'amiante. En 1929, les fabricants européens d'amiante, parmi eux les ancêtres d'Eternit, s'étaient organisés pour contrôler l'information sur ce sujet sans pouvoir empêcher que, dès 1945, un tableau des risques encourus en utilisant l'amiante voyait le jour. Aucun industriel ne pouvait donc plus en ignorer les risques.

Mais, jusqu'à aujourd'hui, l'ensemble des entreprises d'extraction d'amiante et jusqu'aux industriels de toutes les branches ont continué à l'utiliser, tant qu'on ne le leur a pas interdit formellement. Ils connaissaient les risques pris par leurs salariés dont la vie, à leurs yeux, valait donc bien moins que leurs profits. Aujourd'hui encore au Canada, premier producteur mondial d'amiante, cette industrie est toujours considérée comme stratégique. Sa production se poursuit également en Russie, en Chine et au Brésil, notamment.

Dans son jugement, la cour a pris en compte le préjudice subi par cette famille dont le droit à la vie a été nié, mais aussi du « cynisme incroyable avec lequel des connaissances scientifiques ont été balayées par appât du gain ». Eternit a un mois pour faire appel, mais ce jugement devrait inciter les victimes belges à entamer à leur tour des poursuites, bien légitimes, contre Eternit.

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