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- Lutte ouvrière n°2262
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Belgique : La manifestation du 2 décembre - « Les travailleurs ne paieront plus l'addition ! »
« Faites payer la crise au 1 % qui en profite, pas aux 99 % qui en souffrent » : telle était la grande banderole de la CSC lors de la manifestation intersyndicale à Bruxelles du vendredi 2 décembre.
La manifestation avait été appelée par les trois syndicats belges, FGTB, CSC et CGSLB, avec le mot d'ordre ambigu : « Non à l'austérité aveugle ! Nous avons des alternatives. » Mais dans le cortège, où les manifestants flamands étaient au moins aussi nombreux que les francophones, les mots d'ordre étaient beaucoup plus explicites : « Les travailleurs ne paieront plus l'addition », « Touche pas à ma (pré)pension », « Notre santé n'est pas à vendre », ou « Touchez pas à l'index », c'est-à-dire à l'indexation des salaires.
Les travailleurs d'entreprises en cours de restructuration se sont saisis de l'occasion pour exprimer leur colère et certains, comme ceux de Akzo Nobel et Picanol (en Flandre), dénonçaient les profits énormes de leurs patrons licencieurs. Les travailleurs ont répondu massivement à l'appel syndical, la police annonçant 62 000 manifestants, les syndicats 75 000, soit la plus grande manifestation après celle d'octobre 2005 contre les mesures d'austérité du gouvernement libéral envers les prépensionnés, nommées « Pacte des générations ». Les manifestants étaient rassurés de se voir si nombreux et la fusion flamands-francophones faisait chaud au coeur, en cette période où les partis de gouvernement aggravent la division communautaire.
Bien sûr, il n'y avait guère d'illusion sur l'efficacité d'une telle manifestation pour faire reculer le nouveau gouvernement fédéral qui allait se mettre en place trois jours plus tard, ainsi qu'un patronat, belge comme international, à l'offensive. C'est pourquoi la banderole portée par une délégation d'ArcelorMittal (FGTB métal Liège-Luxembourg) titrait : « Le fond de l'air est rouge ! » et une autre : « Austérité, ça sent le pavé ! »
Après des années de non-mobilisation par cet appel à une manifestation nationale les centrales syndicales ont voulu rappeler leur existence et leur influence, car la concertation avec le patronat et le gouvernement ne leur donne plus de « grain à moudre ». Une autre manifestation était prévue à Liège le 7 décembre, contre la fermeture des hauts-fourneaux et de toute une partie de la métallurgie liégeoise. Et le bruit d'un appel à la grève générale chemine dans certains syndicats, ce qui montre en tout cas que des militants ne souhaitent pas en rester là.
Ces mobilisations seront-elles le début d'une riposte plus forte de la classe ouvrière, avec ou sans appel syndical ? C'est pourtant en tout cas ce qui serait nécessaire.