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Leur société
En Mayenne : Contamination par le PCB Permis de polluer et de tuer
En Mayenne, trois nouveaux troupeaux de vaches ont dû être abattus. Cela porte à 302 le nombre de bêtes tuées parce que leur sang révèle un taux anormalement élevé de PCB -- des molécules utilisées entre 1930 et 1970 dans la fabrication des transformateurs électriques. Depuis 1985, ces PCB sont interdits en France parce qu'ils sont hautement toxiques et cancérigènes.
La responsable de cette pollution est une entreprise, Aprochim, filiale du groupe Chimirec, spécialisé dans le retraitement des produits contaminés par les PCB. Problème : il est difficile de s'en débarrasser et on en retrouve une quantité non négligeable dans la nature. En France, on estime la quantité de PCB à détruire à 45 000 tonnes, provenant essentiellement des transformateurs et des condensateurs. C'est un marché profitable pour l'industrie chimique. Chimirec a affirmé détenir le procédé qui permettrait de décontaminer sans danger les huiles et de les revendre.
L'usine de décontamination d'huiles à Grez-en-Bouète a été ouverte en 1988 par Chimirec. Malgré la mobilisation des habitants de cette région d'élevage de bovins, la préfecture et la municipalité l'ont autorisée.
Dès 1994, les salariés de l'entreprise ont été les premiers à dénoncer l'insuffisance du procédé de décontamination. Ils accusaient la société d'avoir eu recours à une pratique illégale, la dilution des huiles contaminées dans d'autres huiles, ce qui aurait permis à l'entreprise de faire un double profit, en facturant la décontamination et en revendant un volume d'huile supérieur. Or ces huiles étaient encore polluées. Parallèlement, la société est attaquée par les agriculteurs pour pollution environnementale : des taux anormaux de PCB ont été retrouvés dans le lait des vaches. Mais il va falloir attendre mai 2012 pour que le procès contre ce pollueur soit instruit et pour que son PDG ainsi que six cadres comparaissent devant la justice.
Mais ce qui est également scandaleux est que les autorités sanitaires comme la Drire (la Direction régionale de l'industrie et de l'environnement) avaient été alertées dès 2002, soit neuf ans avant la première action en justice, que des salariés de l'entreprise présentaient des taux anormalement élevés de PCB dans le sang. Rien n'avait été fait à l'époque. En 2008, trois salariés ont porté plainte pour mise en danger de la vie d'autrui : ils présentaient des taux de contamination en PCB très élevés et leur sang contenait également de la dioxine. Cette fois encore, l'affaire a été classée sans suite et aucun des trois employés n'a été entendu par la justice.
Comme dans le scandale de l'amiante, les autorités gouvernementales préfèrent fermer les yeux pour ne pas nuire aux profits du patronat, et il faut que le scandale dépasse les conditions de travail des seuls salariés pour que la justice daigne ouvrir les yeux.