Nouveau plan d'austérité Fillon : Sous prétexte de déficit, taxer les pauvres pour continuer à financer les riches09/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2258.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nouveau plan d'austérité Fillon : Sous prétexte de déficit, taxer les pauvres pour continuer à financer les riches

Moins de trois mois après avoir présenté un premier plan « d'économies » de 12 milliards d'euros, prélevés, essentiellement, sur les couches populaires, le gouvernement récidive.

Le nouveau plan devrait rapporter 7 milliards d'euros en 2012 et 17,4 milliards au total sur cinq ans, d'ici à 2016. En le présentant, Fillon s'est vanté d'avoir « misé sur un effort équitable », et demandé davantage « aux ménages les plus aisés et aux entreprises les plus grandes ». C'est un mensonge.

Dépenses : les budgets de la protection sociale sont visés

Côté réduction des dépenses, le 1,8 milliard d'euros d'économies prévues sera en effet intégralement supporté par les ménages, et pèsera lourdement sur les plus modestes.

Certaines prestations sociales, comme les allocations familiales, l'allocation de rentrée scolaire, les aides au logement, dont l'évolution est actuellement indexée sur l'inflation, n'augmenteront que de 1 %, dès l'année prochaine, soit deux fois moins vite que l'inflation... et bien moins vite que les dépenses scolaires ou, surtout, que les loyers. Cela rapportera au budget de l'État 400 millions d'euros en 2012.

À partir de 2012, le taux de progression annuelle des dépenses de santé sera ramené de 2,8 % à 2,5 %. Xavier Bertrand a claironné son intention de réaliser ces 700 millions d'économies grâce à la baisse du prix des médicaments. Mais cela ne représentera, a-t-il précisé, que le tiers des économies prévues. Les deux autres tiers seront donc réalisés sur le dos des malades et des hôpitaux.

Enfin, le gouvernement a décidé d'accélérer d'un an l'application de la réforme des retraites. L'âge légal de départ sera donc porté à 62 ans dès 2017 au lieu de 2018. La mesure ne rapporterait à la Sécurité sociale que 100 millions d'euros en 2012, mais serait de nature, paraît-il, à rassurer « les marchés ».

Recettes supplémentaires : mise à contribution des classes populaires

L'augmentation du taux de la TVA de 5,5 % à 7 % ne s'appliquerait pas aux produits de première nécessité. Mais qui va décider de ce que sont les produits de première nécessité ? Cette augmentation de TVA touchera tout le monde, mais elle ne pèsera pas de la même façon sur le niveau de vie des classes riches et sur celui des classes populaires.

Le gel du barème de l'impôt sur le revenu en 2012 et 2013 va se traduire automatiquement, pour beaucoup de contribuables, par une hausse d'impôt. Il pourrait même rendre imposables des contribuables dont les revenus n'atteignaient pas le seuil d'imposition. La mesure s'appliquera à tous ceux, riches ou pas, qui payent l'impôt sur le revenu. Mais tous n'ont pas les mêmes possibilités d'échapper à l'impôt. Un rapport parlementaire récent révélait qu'en 2011, parmi les ménages disposant d'un revenu imposable de plus de 70 000 euros par part, près de 4 800 avaient annulé totalement leur impôt par le jeu des niches fiscales.

Faire payer les riches, pas les pauvres

Trois mesures sont censées cibler les riches.

La réduction d'impôt dite Scellier, pour les particuliers qui achètent un logement pour le louer, sera supprimée à partir de 2013.

La taxe sur les dividendes et les intérêts passera de 19 % à 24 %. Cette augmentation devrait rapporter 600 millions d'euros en 2012. Mais elle touchera aussi certains livrets d'épargne des petits épargnants.

Enfin une majoration « exceptionnelle et temporaire » (cela mérite d'être souligné) de 5 % de l'impôt sur les bénéfices s'appliquera aux sociétés dont le chiffre d'affaires dépasse 250 millions d'euros. Elle ne s'appliquera que deux ans, en 2012 et 2013, et devrait rapporter au total 2,2 milliards d'euros. En principe, car les entreprises ont à leur disposition des moyens légaux pour échapper à l'impôt. À comparer en tout cas aux 7,2 milliards d'euros de l'augmentation de la TVA, une mesure qui s'appliquera, elle, pendant -- au moins -- cinq ans. Deux mesures, deux poids.

Au bout du compte, les mesures censées toucher « les ménages les plus aisés » ou les entreprises ne pèsent pas lourd si on les compare à celles qui touchent les classes populaires.

Car le déficit du budget de l'État n'est pas dû aux dépenses de la protection sociale, ce ne sont pas les classes populaires qui en sont responsables mais bien l'accumulation des cadeaux aux classes riches, Un rapport récent rédigé par un député sarkozyste a chiffré à 83 milliards d'euros par an le trou creusé dans le budget de l'État par les cadeaux fiscaux accordés depuis 2000 essentiellement à la grande bourgeoisie. S'il y a des économies à réaliser, c'est là qu'il faut les prendre, pas dans les poches des classes populaires.

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