Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, a fixé à 30 000 le nombre d'étrangers à expulser cette année pour cause de papiers qui ne seraient pas en règle.

Des quotas de personnes à expulser ont été attribués par département où, la fin de l'année approchant, des préfets mobilisent leurs services et des policiers pour atteindre le chiffre fixé. Tous les moyens sont bons pour réaliser des expulsions-minute évitant les oppositions, manifestations et autres recours juridiques.

Ilyes Ben Youcef, lycéen de 18 ans, scolarisé au lycée Henri-Parriat de Montceau-les-Mines, vient d'être victime d'une de ces expulsions-minute. Il est né en Algérie il y a dix-huit ans. Ses parents sont en situation régulière en France. À sa majorité, il a demandé une carte de séjour. L'administration préfectorale lui a adressé une obligation à quitter le territoire (OQTF) qu'il conteste par un recours.

Depuis le 25 octobre il était assigné à résidence chez sa famille. Chaque matin, il pointait au commissariat pour signaler sa présence, mais le 2 novembre, c'est le traquenard : il est embarqué au commissariat dans une voiture de police pour l'aéroport de Lyon, où une place l'attend dans le vol de 13 heures pour l'Algérie.

Réseau éducation sans frontières (RESF) dénonce ces préfets qui brisent des vies et des familles pour afficher du chiffre et demande si c'est pour obtenir la prime annuelle de 60 000 euros allouée aux meilleurs serviteurs de l'État, aux meilleurs chasseurs ? Ou bien est-ce pour être sélectionné pour le prix P.A.P.O.N. « Prix attribué pour obéissance notoire », décerné par des associations toulousaines aux préfets ayant procédé au plus grand nombre d'expulsions de sans-papiers ?

Jeudi 3 novembre, 700 personnes, lycéens, professeurs et parents, ont manifesté devant le lycée Parriat et dans Montceau-les-Mines. D'autres manifestations sont prévues pour exiger le retour d'Ilyes dans sa famille et dans son lycée. Cette expulsion doit être annulée.