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- Lutte ouvrière n°2258
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Dans le monde
Espagne : Un changement de majorité en vue, aux tristes couleurs de la crise
C'est dans un pays où les classes populaires s'enfoncent dans la crise, le chômage et la pauvreté, que se déroule une campagne électorale qui devrait se terminer par une victoire du parti de droite conservateur et réactionnaire, le Parti populaire. Et c'est sans doute son dirigeant, Mariano Rajoy, qui succédera au socialiste José Luis Zapatero, et prendra la tête du gouvernement.
Le prétendant du Parti socialiste (PSOE) Alfredo Rubalcaba, que les sondages créditent de quelque 30 %, a beau prendre quelque infime distance vis-à-vis de la politique de Zapatero, à qui il reproche pour la forme de s'être soumis trop docilement aux exigences des marchés financiers, le PSOE ne remonte pas électoralement la pente.
Le chômage et la précarité n'en finissent pas de s'étendre. Les demandeurs d'emploi sont 4,36 millions. Le mois dernier, ce sont officiellement quelque 134 000 nouveaux travailleurs qui se sont retrouvés à la rue. Les contrats précaires sont la règle. Parfois des contrats provisoires sont de quelques heures par jour et, quand le patron dépasse l'horaire prévu, les heures supplémentaires ne sont pas payées. Dans toutes les entreprises et les zones industrielles, des emplois sont supprimés, des entreprises ferment. Les travailleurs qui, pour gagner un peu d'argent et avoir une couverture sociale, sont devenus des « autonomes » travaillant à leur compte, n'ont plus de clients, plus de sous-traitance et plus de ressources. Des « jeunes » de 30 ou 35 ans reviennent habiter chez leurs parents, avec les enfants s'ils en ont. Ils ne peuvent plus payer les loyers, ni les traites quand ils ont acheté leur appartement. Les maigres retraites des anciens servent à toute la famille. Sans les associations d'entraide, les secours caritatifs, il y aurait la faim pour des centaines de milliers de personnes.
Le PSOE va payer d'une défaite électorale cuisante sa politique antiouvrière et antisociale. Il y aura sans doute beaucoup d'abstentions, de votes blancs ou nuls. De son côté, la droite risque d'augmenter ses scores dans les classes populaires, où beaucoup disent que cela ne peut pas être pire avec le PP qu'avec le PSOE. Et Rajoy et ses amis du PP surfent sur ce sentiment, en répétant qu'avec une politique tournée vers le développement des entreprises, en leur facilitant la vie, le crédit, la liberté d'embaucher et de débaucher en fonction de leurs besoins, l'économie espagnole retrouvera la santé.
C'est bien sûr un leurre et un piège. Comme c'est un leurre et un piège de refaire confiance aux dirigeants du PSOE. Pour en sortir, c'est-à-dire pour ne pas payer la crise, comme partout, les classes populaires n'ont pas d'autre perspective que de se défendre sur le terrain des luttes avec d'autres échéances que celles des élections.