Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) : Les marchands de sommeil « sociaux »09/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2258.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) : Les marchands de sommeil « sociaux »

Jeudi 27 octobre, les CRS ont investi un foyer de migrants à Épinay-sur-Seine et ont délogé sans ménagement une trentaine de locataires.

Deux d'entre eux, dont l'un en chimiothérapie, n'ont même pas eu le temps de prendre leurs médicaments. Non contents de déloger ainsi des travailleurs, la police en a profité pour opérer une dizaine d'arrestations pour défaut de papiers ! Ils ont tout de même été libérés le jour-même après l'intervention de la mairie de Saint-Denis.

Le foyer d'Épinay, qui est sous la responsabilité administrative de la ville de Saint-Denis, existe depuis 1967 et compte environ 80 résidents. Géré au départ par une organisation proche du patronat, ce foyer devait être provisoire ; un provisoire qui a duré sans pour autant bénéficier de la moindre amélioration. Entre 1989 et 1993, le foyer a été complètement autogéré, car l'association qui le dirigeait avait déserté les lieux. Le foyer a été ensuite repris en 1996 par l'Association pour la formation des travailleurs africains et malgaches (AFTAM). Les réparations devaient être faites contre la garantie du paiement des loyers. Mais si les résidents ont payé, les réparations n'ont jamais été effectuées. Une chambre de 20 m² rapporte à l'AFTAM environ 468 euros par mois.

Alors, lorsqu'une nouvelle fois, la Préfecture a déposé un avis d'insalubrité pour les bâtiments, les résidents ne se sont pas inquiétés. C'est pourquoi, deux jours avant l'expulsion, des résidents ont accepté une nouvelle fois de payer leurs loyers. L'AFTAM, en accord avec la Préfecture mais sans prévenir les résidents, a décidé de procéder à l'expulsion, acceptant toutefois de reloger quelques résidents qui figuraient sur une liste établie en 2004, mais refusant ceux qu'elle considérait comme surnuméraires.

De longue date, ces foyers de migrants sont des asiles pour des travailleurs qui arrivent en France, certains y habitent depuis trente ans et tous accueillent par solidarité les nouveaux. Ce sont ces résidents qui sont considérés comme surnuméraires et que l'AFTAM refuse de reloger. Comptant sur l'opposition entre les communautés, l'AFTAM a sous-estimé les liens de solidarité qui se sont tissés, y compris entre les communautés du foyer, depuis des années. Les travailleurs d'Afrique subsaharienne ont ainsi proposé immédiatement aux sans-papiers leur salle télé pour quelques jours. Les résidents restants sont allés manifester, mercredi 2 novembre, devant la mairie de Saint-Denis et devant la préfecture de Bobigny pour exiger que des solutions satisfaisantes soient trouvées.

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