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- Lutte ouvrière n°2258
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Editorial
Le plan d'austérité Fillon-Sarkozy : Le racket d'État
Fillon a promis « l'un des budgets les plus rigoureux depuis 1945 ». Il faut faire la part de la vantardise électoraliste dans cette déclaration, mais les mesures d'austérité qui viennent d'être annoncées s'ajoutent à toutes celles déjà en cours. Relèvement du taux de la TVA de 5,5 % à 7 %. Même si Fillon jure que cela ne concerne pas les produits de première nécessité, c'est une baisse du pouvoir d'achat. Gel de la revalorisation des prestations sociales. Dépenses d'assurance maladie freinées. Mise en place avancée de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans. Toutes ces mesures visent à vider encore plus les poches des classes populaires pour rétablir l'équilibre du budget de l'État, mis à mal par les cadeaux faits aux banquiers et aux groupes capitalistes.
Tout le monde sait que ce n'est pas fini. Si l'approche des élections modère un peu leur ardeur à nous faire les poches, ils le font quand même et ils le feront bien plus encore après les élections.
Car ils peuvent faire pire. Regardons ce qui se passe en Grèce. Ils prétendent que, si l'euro est en crise, c'est que les Grecs vivaient au-dessus de leurs moyens ! C'est certainement vrai pour quelques milliardaires de ce pays et pour des dignitaires qui arrondissent leurs fins de mois par la corruption. Mais c'est un mensonge grossier pour tous ceux qui vivent de leur travail.
Et pourtant, c'est sur leur dos que les dirigeants grecs et, derrière eux, leurs donneurs d'ordres Sarkozy et Merkel veulent réaliser des économies, pour dégager les sommes à rembourser aux banques qui ont prêté à l'État grec en pratiquant des intérêts usuraires. En quelques mois, les salaires ont été baissés de 20 % au bas mot, les retraites amputées, des milliers d'agents de l'État ont vu leur emploi supprimé, pendant que tout ce qui pouvait être considéré comme rentable dans les services publics était vendu à l'encan.
Tout le monde dit que l'Italie est déjà sur le même chemin que la Grèce. Demain, ce sera le tour de la France.
Alors, ne nous faisons pas d'illusions : ils continueront et aggraveront les coups contre les classes populaires. Ils commencent déjà à nous dire ce qu'ils répètent à propos de la Grèce : « Nous vivons au-dessus de nos moyens. »
Vivent-ils au-dessus de leurs moyens, les travailleurs payés au smic, les retraités à 600 euros par mois, ceux que les grandes entreprises ont jetés à la porte et qui ont de moins en moins de chances de sortir du chômage ?
Derrière les mensonges et la propagande, la classe capitaliste aggrave sa guerre de classe contre le monde du travail.
Malgré leurs rencontres de plus en plus fréquentes, les chefs d'État réunis dans de grands cirques médiatiques sont totalement incapables de maîtriser la crise financière. Ils se contentent de répéter qu'il faut « donner des gages aux marchés financiers ». Mais ces marchés financiers, c'est une douzaine de grandes banques qui spéculent avec l'argent des grands groupes capitalistes. De ces grands groupes capitalistes qui croulent sous les profits, qu'ils n'investissent pas dans l'activité productive, dans la création d'emplois, et préfèrent mettre leurs réserves à la disposition des banques, car les opérations financières rapportent plus que la production.
Même pour accroître leurs profits par l'exploitation, il faudrait que les capitalistes augmentent le nombre des exploités, et donc qu'ils embauchent. Ils ne le font pas. C'est de plus en plus l'État qui est mis à contribution pour compléter leurs profits.
Voilà pourquoi l'État prélève de plus en plus d'argent sur les salariés et, plus généralement, sur toutes les classes laborieuses.
La politique de rigueur ne peut que s'aggraver, tant qu'on les laisse faire. Elle continuera, quel que soit le futur président de la République. Hollande n'est même pas encore à la présidence qu'il prône déjà la rigueur.
Alors, sachons que nous aurons à nous battre pour sauver l'essentiel, c'est-à-dire nos emplois et le pouvoir d'achat de nos salaires. Nous aurons à imposer l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire. Nous aurons à imposer une hausse générale des salaires et des retraites, protégés par leur indexation sur les hausses de prix.
Sachons surtout que la question décisive qui se pose au monde du travail, c'est notre capacité à contester la dictature des groupes financiers sur la société et la gestion capitaliste de l'économie.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 7 novembre