Toulouse : Il y a 10 ans, l'explosion de l'usine AZF. Ne laissons pas les profits faire la loi21/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2251.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toulouse : Il y a 10 ans, l'explosion de l'usine AZF. Ne laissons pas les profits faire la loi

Le 21 septembre 2001, l'explosion de l'usine AZF ravageait des quartiers populaires de Toulouse, causant le décès de 32 personnes, dont 21 sur le site et 16 000 blessés, dont plusieurs centaines très gravement. Il y a eu 69 000 dossiers matériels, 400 bâtiments publics ou parapublics touchés, des écoles, des collèges et des lycées, des hôpitaux, des cliniques et des maisons de retraite.

Pour les réparations, l'État et les pouvoirs publics ont choisi de laisser fonctionner les procédures traditionnelles, comme pour un vulgaire dégât des eaux. Ils ont laissé faire la nature. La nature, ce sont les lois du marché, qui se sont traduites par la lenteur des travaux et des dédommagements, sans parler des escroqueries en tout genre.

Sur le Pôle chimique, les directions syndicales ont choisi de diviser les victimes, en essayant de dresser les salariés contre les sinistrés. Ils prétendaient (et prétendent toujours dix ans après) chercher la vérité. Mais la vérité ils la connaissaient. Elle leur crevait les yeux. Elle était dans les tracts syndicaux du passé, dans les anciennes prises de position, elle était dans les grèves pour imposer le respect des conditions de travail et de sécurité. Tout cela, ils ont préféré l'oublier, faisant semblant de croire que, puisque les sinistrés s'en prenaient à juste titre aux manquements de Total en matière de sécurité, ils attaquaient les salariés, alors que ce qui s'imposait était au contraire l'unité des sinistrés et des salariés pour obliger Total, mais aussi les pouvoirs publics, à assumer leurs responsabilités.

Depuis un an, la municipalité socialiste de Toulouse milite pour une commémoration commune de toutes les victimes. L'association des sinistrés du 21 septembre, qui a refusé de se retrouver aux côtés des représentants de Total, a décidé de maintenir son rassemblement, comme elle le fait tous les ans depuis dix ans. Voilà ce qu'a exprimé son porte-parole : « Pour les autorités, ce n'est jamais le moment de manifester, de réclamer notre dû, de réclamer la justice. Eh bien aujourd'hui, comme il y a dix ans, notre façon de respecter la douleur des victimes c'est de nous battre pour que le responsable de la catastrophe, le groupe Total, soit condamné... La mairie organise une cérémonie de réconciliation, et s'étonne que nous refusions cette mascarade. Mais avec qui veut-elle que l'on se réconcilie ?

Nous n'avons jamais été fâchés avec les salariés du Pôle chimique. La meilleure preuve c'est que des salariés d'AZF étaient à nos côtés lors des rassemblements, et depuis le début. Et cette année, ce rassemblement de protestation est organisé avec la CGT, sous l'impulsion de la fédération de la chimie. Aujourd'hui se réalise ce qui aurait dû être la règle de la lutte AZF : les salariés et les riverains au coude à coude contre Total le responsable de notre malheur commun. »

Cette année, ce sera aussi le procès en appel contre Total. Bien qu'en première instance la justice ait accusé la commission d'enquête interne de Total d'avoir dissimulé des faits, des pièces et des témoignages capitaux aux enquêteurs, elle a prononcé en 2009 une relaxe générale « au bénéfice du doute ». La justice n'a pas trouvé de coupable parce qu'il lui manquait les pièces que le coupable avait lui-même soustraites !

Total peut impunément polluer les plages bretonnes, faire exploser un quartier, faire obstruction à l'action de la police et de la justice, ramasser des aides publiques de toutes sortes, engranger des milliards de profits, écraser et piller des pays aux quatre coins du monde, rançonner les automobilistes, ne pas payer d'impôts en France. Et tout cela ce serait normal ? Que non ! C'est ce qui a également été rappelé lors du rassemblement qui a réuni 600 personnes, dont d'anciens salariés d'AZF et des sinistrés, avec la présence de Bernard Thibault, de syndicalistes de la chimie et de l'union départementale CGT.

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