À Feyzin, le quartier des Razes n'est séparé de la raffinerie Total que par l'autoroute et il côtoie une autre usine chimique, Rhône Gaz. Le quartier va donc être concerné par le PPRT (plan de prévention des risques technologiques). Cette loi Bachelot va obliger les habitants à faire des travaux de protection : fenêtres à triple vitrage et triple ancrage, entre autres, et six maisons, trop proches de Rhône Gaz, seront expropriées.

Mais, alors qu'au départ il était prévu une subvention importante de l'État, elle vient d'être revue considérablement à la baisse. D'après le maire de Feyzin, en 2007 la loi Grenelle 2 avait porté le plafond à 12 000 euros qui, s'ajoutant à des aides des collectivités et des industriels, menait à une subvention de 24 000 euros, qui couvrait 80 % des frais. Mais, dans le dernier projet de loi de finances, l'aide maximale est tombée à 3 000 euros, si bien que les habitants devront payer la plus grosse partie des travaux. Il est pourtant bien évident que ceux qui habitent ces quartiers-là ne sont pas parmi les plus riches.

Les habitants des Razes savent qu'ils vivent dans une zone dangereuse : certains étaient déjà là en 1966, quand l'incendie à la raffinerie avait fait 18 morts. Et samedi 17 septembre, dans la soirée, ils ont encore eu une grosse frayeur quand la foudre est tombée sur une cuve de 130 m3, contenant de l'eau et des résidus d'hydrocarbure, et qu'elle a pris feu. Il y avait un système antifoudre, mais il n'a pas fonctionné. L'incendie a été rapidement maîtrisé par les pompiers de la raffinerie, et les soixante pompiers arrivés en renfort n'ont finalement pas été nécessaires. Mais beaucoup d'habitants, voyant les flammes, n'ont pas attendu de savoir si le plan d'évacuation du quartier était mis en action ou pas : ils sont partis d'eux-mêmes, le plus vite possible.

Visiblement, Total ne respecte pas suffisamment la sécurité. C'est lui qui fait courir des risques à la population, et c'est lui qui empoche les milliards de bénéfices. Alors, il pourrait bien prendre sur ses profits les quelques centaines de milliers d'euros nécessaires pour financer les travaux de sécurisation des habitations !