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Leur société
Affections de longue durée : La prise en charge remise en cause
Quand Xavier Bertrand présente la prise en charge des affections de longue durée (ALD) comme exemplaire, il ne se gêne pas pour travestir les faits.
La Sécurité sociale reconnaît trente affections de longue durée, qui concernent près de neuf millions de malades victimes par exemple d'accidents vasculaires cérébraux invalidants, de diabète, de la maladie d'Alzheimer ou encore de cancers.
Ces malades sont théoriquement remboursés à 100 %, mais en fait ils ont à payer, comme les autres assurés, le forfait hospitalier de 18 euros par jour, la contribution d'un euro par consultation et les franchises médicales sur la boîte de médicament ou les actes paramédicaux (50 centimes) et les transports sanitaires (2 euros). Au total, d'après un rapport de 2008, un million de patients ALD auraient à payer 600 euros par an de leur poche. Xavier Bertrand se garde bien aussi de dire que son gouvernement fait tout pour réduire le coût des ALD qui, pour la Sécurité sociale, augmente de plus de 5 % par an environ depuis dix ans, ne serait-ce que parce que la maladie d'Alzheimer est considérée depuis 2004 comme une ALD. Ainsi la Haute autorité de santé a été chargée -- en 2004 d'ailleurs -- d'une mission d'étude dont les objectifs sont clairs : mettre en place un « dispositif juste de neutralisation des gros restes à charge pour le volet social », en clair : diminuer les remboursements ALD.
Et on est déjà passé des paroles aux actes. En 2009 Sarkozy, en présentant son plan cancer, a proposé de ne pas renouveler l'ALD cancer au-delà de cinq ans, sous prétexte que des études considèrent que 60 % de ceux-ci sont guéris au bout de ce délai. Pour le moment ce projet n'a pas abouti, mais en juin 2011 une autre ALD, celle sur l'hypertension artérielle sévère, qui concerne 1,2 million de malades hypertendus, a été supprimée. Le tour de passe-passe a consisté à faire de l'HTA sévère un facteur de risque et non plus une maladie. Au total la Sécurité sociale attend de la suppression de l'ALD HTA sévère près de 20 millions d'euros d'économies... Et cela ouvre demain la possibilité de supprimer la prise en charge totale d'autres ALD, comme celle sur le diabète, qui lui aussi ne serait plus considéré que comme un facteur de risque...
Pour les ALD comme pour l'ensemble de la santé, la politique gouvernementale vise à diminuer la part de la Sécurité sociale et à augmenter celle à la charge des malades.