Procès de l'incendie du boulevard Vincent-Auriol : Les responsables, l'incendiaire et l'État absents21/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2251.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès de l'incendie du boulevard Vincent-Auriol : Les responsables, l'incendiaire et l'État absents

Dans le procès de l'incendie criminel d'un immeuble insalubre, boulevard Vincent-Auriol à Paris, on trouve parmi les prévenus l'association liée à Emmaüs et chargée de la gestion de l'immeuble, et une entreprise qui avait effectué des travaux. Mais l'incendiaire n'a pas été retrouvé et l'État est absent alors que sa responsabilité est écrasante dans cette tragédie qui a fait dix-sept morts, trois femmes et quatorze enfants d'origine africaine, dans la nuit du 25 au 26 août 2005.

En mars dernier, les proches des victimes avaient obtenu le report du procès, tant les conditions dans lesquelles il s'était engagé étaient improvisées et désinvoltes : planning d'audiences réduit à deux demi-journées, salle trop petite, micros défaillants...

Cette fois, le procès a rouvert dans des conditions plus normales. Cependant, des proches des victimes soulignent que l'enquête, qui n'a pas permis d'identifier le ou les incendiaires, a été bâclée, alors que deux expertises avaient conclu à une origine non accidentelle de l'incendie. Au début des années 1990, des immeubles vétustes et insalubres, dont celui du boulevard Vincent-Auriol, avaient été attribués par les autorités à des familles sans logement. Dans une lettre adressée aux occupants du boulevard Vincent-Auriol, le préfet de Paris avait pris « l'engagement, au nom de l'État (...) de veiller (à leur) relogement définitif dans un délai maximal de trois ans ». Mais rien n'était venu, l'État se défaussant sur une association caritative pour gérer la situation.

La rénovation en profondeur que nécessitait l'immeuble était différée tant que les quelque 130 personnes, originaires principalement de Côte d'Ivoire et du Mali, qui payaient leur loyer, n'obtenaient pas d'être relogées ailleurs. L'urgence étant de lutter contre le saturnisme en empêchant que les enfants portent à leur bouche le plomb contenu dans les peintures, des panneaux de contreplaqués furent posés dans la cage d'escalier. Mais cette isolation de fortune, qui devait rester provisoire, a perduré cinq ans et elle a joué, d'après les experts, un rôle important dans la propagation rapide de l'incendie.

Les femmes et les enfants immigrés du boulevard Vincent-Auriol ont été la cible d'un incendiaire, mais aussi en même temps victimes de l'incurie criminelle de l'État. Elles ne sont pas les seules puisqu'à Paris, au cours de cette même année 2005, plusieurs incendies meurtriers ont fait au total cinquante-deux morts, pour la plupart immigrés d'origine africaine.

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