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Israël : Pour une justice sociale... partagée
300 000 manifestants à Tel-Aviv, 460 000 au total : d'après la presse israélienne, les manifestations qui se sont déroulées samedi 3 septembre dans les principales villes d'Israël sont les plus importantes que le pays (7,6 millions d'habitants) ait jamais connues.
Le gouvernement comptait sur un essoufflement de ce mouvement de protestation contre l'injustice sociale. Les derniers rassemblements avaient été annulés, suite aux attaques meurtrières le 18 août dernier contre des Israéliens dans la région d'Eilat et aux représailles contre les Palestiniens de la bande de Gaza. Benyamin Netanyahou, le Premier ministre, s'était servi de ces événements pour tenter de détourner l'opinion des revendications sociales. Visiblement, cela n'a pas eu de succès. « On nous avait dit que le mouvement marquait le pas, ce soir nous avons démontré le contraire », a pu proclamer un leader étudiant.
Le point commun de toutes les revendications, de toutes les manifestations, c'est une demande de justice sociale, une protestation contre la cherté de la vie, des logements en particulier. D'après les statistiques officielles, 50 % des revenus des familles pauvres doivent être consacrés au logement. L'essence est 30 % plus chère qu'en Europe, les communications téléphoniques trois fois plus élevées. Le fossé grandissant entre une petite poignée de richissimes milliardaires et le reste de la population ne fait que renforcer le sentiment d'injustice. Le quotidien Haaretz parle des douze familles qui contrôlent l'économie du pays : entre 60 et 100 % des banques et des supermarchés, des combustibles et des assurances leur appartiennent. Par exemple, 95 % des réseaux de téléphone sont détenus par trois milliardaires, 90 % des raffineries par deux autres. Un seul homme, Nochi Dankner, ayant bénéficié de relations dans l'appareil d'État, est présent dans la plupart des branches économiques et détient le monopole du ciment.
Parallèlement à cet enrichissement de quelques-uns, l'État s'est désengagé des services publics. Les coupes budgétaires ont affecté le système de santé, l'éducation, la protection sociale. Désormais, 20 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, sans pouvoir bénéficier des « filets » protecteurs qui existaient auparavant. C'est cette dégringolade qui inquiète et choque une grande partie de la population.
Mais si des voix s'insurgent contre le prix payé par la colonisation, (15 % du budget du Logement sont consacrés aux 4 % des Israéliens vivant en Cisjordanie, 500 millions d'euros sont dépensés chaque année pour leur protection), peu remettent en cause la politique colonialiste et expansionniste ainsi que le poids énorme du budget de la Défense. 13 milliards d'euros sont dépensés chaque année, soit un sixième du budget national, pour cette armée chargée de faire la police, aussi bien en Israël qu'en Cisjordanie, contre les Palestiniens.
Plus les mobilisations durent, plus elles s'approfondissent, plus les militants israéliens qui mettent en cause la politique coloniale du gouvernement peuvent avoir l'opportunité d'expliquer leur point de vue et de convaincre ne serait-ce qu'une frange de la population mobilisée.
Dans ce pays, il ne peut y avoir de progrès que s'il est partagé par tous : Israéliens et Palestiniens.