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- Lutte ouvrière n°2251
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Montupet-Fonderies du Poitou Alu -- Ingrandes (Vienne) : « Nous ne les laisserons pas nous réduire à la misère ! »
Vendredi 23 septembre, cela fera trois semaines que les travailleurs de la fonderie Alu à Ingrandes sont en grève, avec l'inflexible objectif d'obtenir le retrait pur et simple du plan de baisse des salaires que tente de leur imposer leur patron, le groupe de fonderie Montupet, sous peine de licenciement. Une baisse de près de 25 %, qui plongerait leurs familles dans les pires difficultés.
Tous les matins, les grévistes se retrouvent à la porte de la fonderie, devant les locaux syndicaux. À 9 h les jours de « routine », plus tôt parfois, lorsqu'il s'agit de s'adresser à l'embauche aux collègues de la fonderie Fonte qui jouxte l'Alu par exemple, ou s'il faut partir en car vers une destination plus lointaine.
Ainsi, jeudi 15 septembre, le cap était mis vers les sièges parisiens de Montupet et de Renault. Chez Montupet à Clichy-la-Garenne, un cordon de gendarmes bien équipés protégeaient l'entrée du siège mais, deux précautions valant mieux qu'une, c'est à Neuilly que les patrons reçurent une délégation syndicale de la Fonderie. L'entrevue fut brève : le PDG Magnan et ses sous-fifres n'ayant « pour l'instant » rien à proposer, la délégation tourna promptement les talons. Pendant ce temps, les grévistes des Fonderies recevaient le soutien de militants syndicaux de l'automobile, ainsi que celui d'Arlette Laguiller, qui leur avait promis quelques jours plus tôt, lors de sa visite à l'usine en grève, de les accueillir à Paris.
Au siège de Renault, que les travailleurs de la fonderie tiennent à juste titre pour co-responsable du plan pourri qu'ils combattent, puisque 85 % de leur production de culasses va à cette entreprise, le discours des patrons, représentés par quatre hauts cadres, fut édifiant. En substance, ils expliquèrent à la délégation syndicale que, si Renault fixe les prix à son sous-traitant Montupet, rien n'oblige ce dernier à réduire autant la part salariale. Cela, les grévistes y avaient déjà pensé ! Mais surtout les représentants de Renault n'hésitèrent pas à dire avec cynisme que en fonction de la conjoncture, Renault pourrait très bien lui aussi recourir à la baisse des salaires. Voilà les travailleurs de Renault prévenus.
Lundi 19 septembre, cinq voitures ont été affrétées vers l'usine Montupet de Châteauroux. On avait appris avant le week-end l'intention de Montupet de mettre en place une équipe supplémentaire, qui travaillerait deux fois 12 heures les samedis et dimanches. Pour les grévistes, c'était la preuve que la grève commence à coincer Montupet, qui ne parvient plus à faire face à toutes ses commandes. Mais il s'agissait aussi d'aller s'adresser aux travailleurs de Châteauroux, qui paieraient évidemment d'une aggravation de l'exploitation une défaite de ceux d'Ingrandes. Un tract fut distribué, expliquant que si l'attaque contre la fonderie d'Ingrandes est une attaque contre tous les travailleurs, la riposte est aussi l'affaire de tous. La CGT de l'usine de Châteauroux -- largement majoritaire dans l'entreprise -- prit l'engagement devant les grévistes de rejeter le projet de travail en « SD » lors du Comité d'entreprise qui avait lieu le jour-même, ce qui devrait pour un temps au moins écarter cette menace.
Ce même jour, les grévistes reçurent également la confirmation qu'en cas de refus de la baisse des salaires Montupet engagerait un « plan social », c'est-à-dire un plan de licenciements. Cette annonce ne fit que renforcer le sentiment de tous les grévistes : nous n'avons pas le choix, il faut tenir bon et les faire plier par la grève. Vendredi 22 septembre, une manifestation est prévue à Poitiers, à l'occasion de laquelle sont lancés des appels à débrayer dans les entreprises du département. La riposte contre l'offensive patronale est en effet l'affaire de tous.