Face à la crise, il faut refuser toute solidarité avec les exploiteurs21/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2251.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Face à la crise, il faut refuser toute solidarité avec les exploiteurs

Il y a peu encore, après chaque sommet de chefs d'État ou de ministres, les dirigeants annonçaient qu'ils avaient trouvé la pierre philosophale pour surmonter la crise de leur économie. Mais les bateleurs de foire les plus bruyants du monde capitaliste, et Sarkozy fait partie du lot, ne convainquent plus personne. Ils sont incapables de la maîtriser.

Ils ne nient plus la gravité de la crise, ils en font au contraire un argument pour nous faire avaler les plans d'austérité et les sacrifices. Les irresponsables qui dirigent une économie irrationnelle, stupide, voudraient bien obliger toutes les classes populaires, victimes des soubresauts de leur économie, à être solidaires de ceux qui en sont les responsables et les bénéficiaires. Comme si, avec l'aggravation de la situation, les intérêts des exploités convergeaient avec ceux de leurs exploiteurs ! Mais, en réalité, ils sont plus opposés que jamais.

Il n'y a pas de raison que les travailleurs acceptent ni les licenciements et le chômage, ni la dégradation de leur pouvoir d'achat.

Il n'y a pas de raison que les patrons d'un trust aussi riche et puissant qu'Unilever, dont dépend Fralib, puissent fermer leur usine de Gémenos comme ils claquent la portière de leur Rolls-Royce.

Il n'y a pas de raison que les travailleurs de Montupet acceptent que leur patron leur annonce froidement qu'ils doivent choisir entre accepter une diminution d'un quart de leur salaire ou être mis à la porte. Ils rejettent à juste titre ce chantage.

Il n'y a pas de raison que les travailleurs de PSA Peugeot-Citroën acceptent que l'entreprise ferme plusieurs de ses usines en mettant à la rue les uns pendant qu'on fait crever les autres au travail

Il n'y a pas de raison que les travailleurs acceptent que l'État leur vide les poches en s'attaquant aux retraites, à l'Assurance maladie, aux services publics, uniquement pour donner de l'argent aux banquiers et tenir à bout de bras le profit des grandes entreprises, dont seuls bénéficient les actionnaires.

La classe capitaliste a cette habitude qu'ont toutes les classes dirigeantes de prétendre parler au nom de toute la société. Ce n'est pas le cas : cette classe est non seulement l'ennemie de ceux qu'elle exploite mais aussi de la société qu'elle est en train de ruiner !

Regardons comment l'alerte grave de la crise financière de 2008 n'a pas arrêté les opérations spéculatives qui y ont conduit. Au contraire, elle les a portées à une échelle bien plus vaste. Au point que la crise financière qui, il y a trois ans, n'a ébranlé que les banques, ébranle aujourd'hui les États eux-mêmes !

La seule chose qui puisse les arrêter, c'est une explosion sociale, c'est la révolte de toutes les victimes d'un système fou, dirigé par des irresponsables.

Non seulement les travailleurs ont le droit humain, moral, de refuser de payer la crise à la place des profiteurs de l'économie capitaliste, mais leurs intérêts se confondent avec ceux de toute la société. La pire chose qui puisse arriver serait qu'il n'y ait pas de réactions à la hauteur de la part des travailleurs. Car alors tous les privilégiés, préoccupés seulement de leur profit privé, totalement irresponsables à l'égard de la société, se sentiraient encouragés. Pourquoi s'arrêteraient-ils donc de spéculer si, lorsqu'ils gagnent, ils empochent et, lorsqu'ils perdent, l'État leur vient en aide avec l'argent prélevé sur notre dos ?

La crise, personne ne peut l'arrêter, et toutes leurs tentatives dans ce sens depuis trois ans le montrent amplement. Alors, nous avons à protéger nos seuls moyens d'existence, nos emplois et nos salaires. Il faut les défendre bec et ongles, en imposant l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous les bras disponibles, sans diminution de salaire. Les exploiteurs ont l'argent pour cela. C'est précisément parce que cet argent, au lieu de servir au maintien de l'emploi pour tous, est détourné vers les opérations financières que la société crève. Nous devons défendre nos salaires et les pensions de retraite des anciens en imposant leur augmentation conséquente, pour rattraper le pouvoir d'achat perdu, et le protéger ensuite par une indexation automatique sur les hausses de prix.

Face à l'irresponsabilité des capitalistes, nous devons leur contester le droit de décider seuls, derrière le secret des affaires. Ce n'est pas seulement notre propre avenir qui en dépend, mais l'avenir de toute la société.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 19 septembre

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