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États-Unis : Une fois de plus, un innocent condamné à mort !
Le Noir américain Troy Davis, condamné à mort il y a vingt ans et dont l'exécution par injection létale a été programmée pour le 21 septembre, a dû attendre pendant deux jours la décision du comité des grâces de l'État de Géorgie, dans le sud-est des États-Unis, qui a confirmé que la sentence mortelle serait exécutée.
C'était la quatrième fois que Troy Davis se trouvait dans cette situation. À trois reprises depuis 2007, son exécution avait été reportée, un petit jeu ignoble d'autant plus choquant que tout indiquait qu'il n'était pas l'auteur du crime pour lequel il a été condamné.
En 1989, un policier blanc de 27 ans avait été tué sur un parking de Savannah, une ville de Géorgie. N'étant pas en service, il était venu aider un SDF qui venait d'être agressé. Aucune preuve matérielle n'avait été réunie pour démontrer la culpabilité de Troy Davis, pas même l'arme du crime, jamais retrouvée. En outre, sept des neuf témoins qui l'avaient accusé se sont rétractés, en déclarant qu'ils avaient été forcés de mentir pour que leur version épouse celle des autorités. Neuf autres personnes ont témoigné que l'un des deux témoins qui ne se sont pas rétracté serait le vrai coupable. Et il y a même eu des jurés pour revenir sur leur décision.
Dans cette affaire comme dans bien d'autres du même genre, policiers et autorités judiciaires étaient pressés de trouver un coupable pour satisfaire l'opinion publique et la police. L'enquête a consisté à trouver de quoi instruire à charge contre Troy Davis. Depuis, il est apparu qu'il existait un autre suspect, qui s'est même vanté d'avoir fait le coup mais, à l'époque de l'enquête, les policiers ont négligé cette piste.
Tout cela a fait naître le doute et alimenté une campagne internationale de soutien en faveur de Troy Davis. L'ancien président des États-Unis Jimmy Carter, un ancien directeur du FBI, le pape, l'actrice Susan Sarandon, l'évêque sud-africain Desmond Tutu et Robert Badinter ont pris position en faveur du condamné. Des centaines de milliers de personnes ont signé des pétitions en sa faveur.
Mais ces doutes n'ont pas profité à l'accusé. Tous les recours étant épuisés, seul le président des États-Unis pouvait encore surseoir à l'exécution. Si celle-ci avait lieu, cela ne condamnerait pas seulement Troy Davis mais tous les représentants de l'État qui, pour leur carrière, ont accepté de fabriquer un coupable sur mesure au détriment de toute justice.