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Dans les entreprises
Crédit agricole -- Guyancourt (Yvelines) : Les salariés ne veulent pas banquer
Au Crédit agricole (CA), depuis le début de la crise financière, et surtout depuis ses derniers rebondissements, la direction ne cesse d'essayer de convaincre le personnel de la solidité de l'entreprise.
Après l'annonce de la dégradation de la note du groupe par l'agence de notation Moody's, les conversations allaient bon train dans la plupart des services. Qu'est-ce que cela veut dire pour les employés ? Quelles seront les conséquences ? La plupart se disent que nous payons la crise, non seulement en tant que contribuables à qui le gouvernement veut imposer de nouveaux sacrifices, mais également en tant que salariés de la banque.
La direction a réagi en publiant un « argumentaire pour les managers du groupe à destination des collaborateurs, des élus et des clients ». On croit rêver tant elle chante l'air de « tout va très bien Madame la marquise ». On peut lire par exemple : « Un Crédit agricole solide dans un environnement de marché très perturbé », ou encore : « Le Crédit agricole reste avec, BNP-Paribas, la mieux notée des banque françaises. » Mais cet argumentaire est surtout destiné aux clients qu'il faut rassurer, en avançant par exemple le chiffre de 70 milliards d'euros de fonds propres, preuve selon la direction que le cours actuel en Bourse est très éloigné de la valeur réelle du Crédit agricole. La direction ajoute même que la banque fait partie des trente établissements les plus sûrs au monde selon un classement de Global Finance du 19 août. De quoi se dire : qu'est-ce que cela doit être pour les autres banques !
Tout cela ne rassure pas, et les conversations vont bon train, entre autres à propos de la récente augmentation de capital. Celle-ci avait été prévue cet été et les salariés pouvaient y souscrire en juin. Mais, vu l'effondrement du cours de l'action, la direction s'est sentie obligée de proposer au personnel qui avait souscrit par avance de diminuer ou même d'annuler son achat. Bien sûr, beaucoup pensent que c'était bien le moins que la direction pouvait faire, mais cela a plutôt inquiété quant à la solidité de la banque.
De plus, de nombreux salariés détiennent des actions du CA et, avec une action passée de 35 euros à moins de 5 en quelques années, ils voient fondre leurs petites économies comme neige au soleil. Et si, au début, ils pouvaient penser que le cours de l'action allait remonter, la banque annonçant des bénéfices, maintenant que l'action continue à chuter, l'inquiétude augmente.
D'autres employés, qui ont placé leur intéressement ou leur participation, bloquée pendant cinq ans, sur un plan d'épargne entreprise (PEE), voient aussi leur mise de départ rognée. Souvent ces placements sont « abondés », c'est-à-dire un peu majorés par la direction des différentes filiales du groupe, ce qui donne l'impression d'avoir un peu plus d'épargne. Mais en fait cette épargne est affectée à différents fonds de placements plus ou moins risqués, dont pour certains on a constaté qu'ils étaient constitués de portefeuilles d'actions en baisse.
Voilà qui démontre encore une fois que céder aux sirènes de l'actionnariat est tomber dans un piège et qu'il faut avant tout exiger des salaires corrects.