Lejaby - Rhône-Alpes : Fin de l'occupation du siège social06/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une2201.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lejaby - Rhône-Alpes : Fin de l'occupation du siège social

Les ouvrières de Lejaby ont décidé mercredi 29 septembre la fin du blocage et de l'occupation du siège social à Rillieux-la-Pape. En grève depuis quinze jours, elles se battaient contre le licenciement de 197 ouvrières et la fermeture de trois usines de la région Rhône-Alpes.

Au fil des jours, elles avaient modifié leur revendication pour réclamer une prime supralégale de licenciement de 25 000 euros pour toutes, plus 1 200 euros par année d'ancienneté, en sachant que beaucoup ont entre vingt et trente ans d'ancienneté.

Le protocole de fin de grève prévoit une prime de 15 000 euros brut pour toutes, plus 600 euros brut par année d'ancienneté pour les cinq premières années, puis 500 euros par année supplémentaire. En outre les jours de grève sont payés. C'est légèrement plus que ce que la direction n'a cessé de proposer tout au long de la grève mais c'est, évidemment, très loin de ce que les grévistes réclamaient. En outre la direction n'est revenue sur aucune suppression d'emploi programmée.

Après quinze jours d'occupation, une majorité de grévistes, 80%, a décidé d'accepter ces propositions. Un groupe d'ouvrières de Bourg-en-Bresse, convaincues que la direction pouvait maintenir leur usine et qu'il était possible de continuer le blocage, a toutefois voté contre le protocole. L'une d'elles résumait le sentiment partagé par toutes, y compris celles qui ont voté la reprise, en disant : « C'est pas cher payé pour avoir donné tout ce qu'on a donné. C'est dégueulasse : combien ils gagnent les actionnaires ? Si ça se trouve, ils touchent par mois ce qu'ils nous donnent en primes de départ .» Ce qui est peut-être même en dessous de la vérité !

Cette reprise intervient après quinze jours d'une lutte riche en rebondissements. D'abord il y a eu la décision d'occuper jour et nuit le siège. La détermination des ouvrières et leur sens de l'organisation ont surpris la direction, puis provoqué un vif intérêt dans les médias, y compris nationaux, qui ont largement relayé cette occupation.

Elle a aussi entraîné un très fort élan de solidarité des riverains, comme des travailleurs et des syndicats des entreprises voisines. Beaucoup avaient déjà connu de tels plans de licenciements et la lutte des travailleuses de Lejaby exprimait l'indignation de tous contre des décisions prises arbitrairement par des actionnaires qui n'hésitent pas à briser des vies en fermant une entreprise.

Il y a eu ensuite la décision de bloquer totalement l'accès au dépôt. Cinq grévistes ont pour cette raison été assignées en référé par la direction. Le jour de l'audience, lundi 27 septembre, il y avait un grand nombre de militants syndicaux venus les soutenir devant le tribunal. Le juge des référés a annoncé un délai de quatre jours pour prendre sa décision, ce qui permettait la poursuite du blocage.

Les représentants de la préfecture ont alors joué les médiateurs, demandant à la direction de Lejaby de faire de nouvelles propositions. Mais elle s'est bien gardée d'insister pour que celles-ci soient décentes et encore moins d'exiger le maintien des usines et des postes !

Bien sûr, cette fin de grève, sans avoir obtenu l'essentiel, a un goût amer. Pourtant, toutes celles qui y ont participé ont vécu des moments de solidarité inoubliables. Elles ont fait connaître leur indignation et leur refus d'être jetées comme des Kleenex.

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