Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société Générale a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à payer à son ancienne banque.

Avec cette somme, qui représente 170 000 ans du salaire actuel de Kerviel, on pourrait croire qu'on a atteint le sommet du grotesque. Mais il y a mieux : ce trader, par ses agissements, est accusé d'avoir, à lui seul, « porté atteinte à l'ordre économique mondial ». Si un seul homme peut déclencher une telle débâcle, encore plus que l'homme, c'est le système économique que cela condamne.

En fait, dans tout ce procès, l'essentiel était de blanchir la Société Générale et avec elle tout le système bancaire. Les banques ont besoin de ces joueurs de pokers que sont les traders, elles les forment, les rémunèrent grassement tant qu'ils leur rapportent. Cette année, avec des résultats moindres, la Société Générale a tout de même distribué, en février, 250 millions d'euros de prime. Ces sommes pour importantes qu'elles soient, ne sont en fait que des pourboires donnés à des commis par des actionnaires qui empochent l'essentiel des profits.

Tout doit être mis au service des banques, c'est-à-dire des grands capitalistes qui, à l'abri des conseils d'administration, ordonnent qu'on augmente toujours plus leurs profits. Peu leur importe que la spéculation ruine l'économie, condamne des millions d'hommes et de femmes à vivre dans la misère et même, dans certains pays, à mourir de faim. Et ils comptent sur les institutions et sur les gouvernements pour les renflouer en cas de besoin et pour maintenir la confiance dans leur système.

Comme ailleurs, les banques françaises ont été renflouées par l'État, à coups de milliards ; comme les autres, la Société Générale a repris du poil de la bête et même surpris par son récent résultat, meilleur que prévu. La spéculation a repris et il ne faudrait pas jeter le trouble.

Le procès Kerviel a été celui d'un petit rouage du système. Il reste à faire le procès de tout le système.