Espagne : Après la grève du 29 septembre06/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une2201.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Après la grève du 29 septembre

En Espagne, la grève générale du 29 septembre 2010, communément appelée « 29S », a été un succès. C'était la première s'opposant ouvertement à la politique du gouvernement socialiste de Zapatero, dont la politique antisociale suscite un mécontentement croissant.

En effet en Espagne, comme en France, les attaques contre les classes populaires sont multiples. Après une baisse des salaires des fonctionnaires de 5 % en moyenne, nombreux sont ceux qui ont perdu entre 50 et 200 euros par mois. S'est ajoutée à cela une modification de la législation du travail qui permet au patron de licencier pour motifs économiques sans devoir payer ce que prévoyaient jusqu'à présent les conventions collectives ou les accords d'entreprise. Le patronat a de quoi se réjouir, les licenciements vont lui coûter moins cher. Mais les travailleurs ne veulent pas d'une réforme qui se traduira par un accroissement du chômage, qui touche déjà 20 % de la population.

Zapatero, chef du gouvernement, est à la tête du Parti Socialiste Espagnol, le PSOE. De ce fait, les dirigeants des syndicats majoritaires, l'UGT (liée au PSOE) et les Commissions Ouvrières (historiquement marquées par l'influence des Partis Communistes) pèsent depuis des années en faveur de la politique gouvernementale. Mais, même si la combativité reste limitée, cela fait des mois que des travailleurs ne trouvent pas normale l'absence de réactions. Et le 29 septembre, même si beaucoup regrettaient que la riposte des syndicats soit tardive, la grève générale a été très largement suivie et les manifestations ont connu une ampleur comparable à celles qui avaient eu lieu en 2002, alors que la droite était au pouvoir.

Le 29S a été une grève générale, de 24 heures certes, mais son ampleur est indéniable. Quant aux manifestations, elles ont été ressenties comme un succès encourageant. Par ceux qui y sont allés. Mais aussi par tous ceux qui les ont vues à la télévision et qui ont été impressionnés.

Ce succès traduit l'ampleur du mécontentement. Les banques et les grosses sociétés n'arrêtent pas d'annoncer des bénéfices en constante augmentation. Tous les jours de nouveaux scandales sont étalés au grand jour, où les politiciens de droite comme de gauche sont impliqués. Et nombreux sont ceux qui refusent une politique injuste.

Où va ce mouvement ? Il est impossible de le dire. Les organisateurs de la grève, UGT et CCOO, ont agi pour que le 29S soit un succès. Ils ont su préparer, organiser et impliquer les militants syndicaux dans la réussite de cette journée. Mais une journée, les travailleurs le savent en Espagne comme en France, ne suffit pas. Et le problème est, bien sûr, celui de la suite du mouvement.

Les dirigeants syndicaux ont défilé sous une banderole « RECTIFICATION ». C'est tout un programme ! ou plutôt une absence de perspective pour les classes populaires. Car les dirigeants syndicaux se contenteraient de négociations et de reculs mineurs de la part du gouvernement.

Il n'est pas dit que le gouvernement, harcelé par la droite, soit prêt à ces concessions. Et d'autre part on ne sait pas non plus si les travailleurs et les militants syndicaux de base se contenteront de petites reculades éphémères.

Mais cette grève générale et les manifestations qui l'ont marquée peuvent redonner le moral à tous ceux qui savent que l'on ne peut pas rester sans rien faire et se contenter d'une seule journée d'avertissement. Tout comme elles peuvent ouvrir des perspectives à tous ceux qui ont vu la place du monde du travail dans la société.

La crise ce n'est pas aux travailleurs de la payer c'est aux capitalistes c'est aux banquiers. Il faut que d'autres mobilisations voient le jour afin de rejeter toutes les mesures qui vont à l'encontre des intérêts des travailleurs et des masses populaires.

Partager