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Leur société
Le succès des manifestations du 2 octobre
Pour la troisième fois, le 2 octobre, l'appel des syndicats à manifester contre la réforme des retraite a rassemblé, dans tout le pays - dans près de 230 villes - des centaines de milliers de participants. Dans certaines villes les défilés étaient moins nombreux. Dans d'autres ils l'étaient au contraire plus, parfois même beaucoup plus. S'il y avait souvent - mais pas toujours - moins de banderoles des grandes entreprises, et moins de monde derrière elles, ce qui est somme toute normal pour un samedi, en revanche, il y eut partout de nouveaux manifestants : plus de travailleurs des petites entreprises, plus de femmes, de jeunes, de familles, de retraités, d'artisans.
Dans plusieurs grandes entreprises, un certain nombre de cadres et de techniciens - milieu qui ne fournit habituellement pas un fort contingent de grévistes et de manifestants - et qui n'avaient pas participé aux précédentes manifestations, avaient, dans la dernière semaine de septembre fait connaître leur intention de se joindre à celle du samedi 2 octobre.
La présence, dans les cortèges, d'un certain nombre de banderoles, et de beaucoup de pancartes dénonçant aussi les bas salaires, le chômage, les licenciements, l'offensive contre les services publics, etc., témoigne du fait que beaucoup de manifestants sont motivés non seulement par le refus de la « réforme » des retraites, mais expriment aussi un mécontentement plus large. De ce point de vue, il est significatif que les villes, petites ou moyennes, qui enregistrent les plus forts taux de manifestants par rapport à leur population, soient aussi celles qui ont connu, connaissent, ou vont connaître prochainement des plans de licenciements massifs. Comme La Tour-du-Pin, en Isère, ville de 6 000 habitants, qui a fait l'objet d'un reportage télévisé, où 3 000 personnes sont descendues dans la rue contre la réforme des retraites, mais aussi contre la fermeture de l'usine Playtex.
Dans plusieurs villes, les manifestants eurent beaucoup de mal à se disperser, restant longtemps sur place à discuter et à crier des slogans, « comme en 95 » disaient à Limoges certains manifestants.
Loin de s'essouffler, comme l'espère le gouvernement, le mouvement se maintient, se consolide même, et loin de se décourager, les manifestants gardent le moral. Ce qui est de bon augure pour la suite. Face à cette réalité le mégotage des Fillon, Woerth et autres sur les chiffres, leurs efforts pour minimiser la portée des manifestations sont apparus dérisoires.