Saisonnières roumaines en Alsace : Le patron ramène moins sa fraise06/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une2201.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saisonnières roumaines en Alsace : Le patron ramène moins sa fraise

Le patron de Fruits et légumes Rolf Maier vient de se faire condamner à un an de prison ferme et 71 600 euros d'amende. Il exploitait de façon éhontée 44 travailleuses saisonnières roumaines employées à la cueillette des fraises.

Recrutées en Roumanie en mai 2009, on avait promis à ces ouvrières la gratuité du transport, du logement et de la nourriture et 50 euros d'argent de poche par semaine, moyennant cinq jours de travail.

Arrivées sur place, elles découvraient qu'elles ne seraient payées qu'à la fin de la récolte, avec des conditions de logement indignes : deux WC et deux douches pour tout le monde, l'eau chaude pas garantie. Pire, elles sont enfermées la nuit dans leurs baraques et ne pouvaient pas sortir, le patron ayant gardé leurs passeports sous prétexte de papiers à remplir.

Fin mai, une première ouvrière roumaine demande son compte : le patron lui donne six euros pour quinze jours de travail, une fois déduits le coût du voyage et les retenues pour le logement.

En fait, le patron avait créée 44 sociétés allemandes à gérance roumaine, 44 sociétés indépendantes, les travailleuses n'étant pas considérées comme salariées mais comme étant à leur compte. Toutes ces sociétés avaient le même contrat : 2 500 euros pour 1 250 kilos de fruits récoltés. L'imagination des exploiteurs n'a vraiment pas de limites.

Pour sa défense, l'avocat du patron a osé déclarer au tribunal : « Elles n'ont pas été maltraitées » ! Faudrait-il le remercier ?

C'est en ayant alerté la population du village de Geudertheim (dans le Bas-Rhin) que l'affaire a éclaté et que les travailleuses ont été défendues par la CGT qui a porté l'affaire en justice.

Le patron a donc été condamné, pas pour surexploitation mais parce qu'il manquait quelques signatures et tampons sur leurs papiers. Nullement gêné, il a fait appel après avoir déclaré à la barre que ces travailleuses avaient tout loisir de partir si elles n'étaient pas contentes...

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