Retraites : Publicité mensongère07/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une-2188.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Leur société

Retraites : Publicité mensongère

Le gouvernement a engagé à grand frais - de l'ordre de 700 à 800 millions d'euros - une campagne dite de communication destinée à vanter à la radio, à la télévision, dans la presse, les mérites de sa réforme des retraites.

Point par point, la campagne est mensongère. Mensongère par exemple quand le gouvernement ose illustrer son caractère « juste » par la façon dont il se vante de tenir compte de la « pénibilité du travail », ou son caractère solidaire parce qu'il met à contribution les hauts revenus.

Dans le premier cas, en fait de pénibilité, le projet du gouvernement n'accorde le maintien à 60 ans de l'âge légal de départ en retraite qu'aux travailleurs qui peuvent justifier d'une incapacité égale ou supérieure à 20 %, ayant donné lieu à l'attribution d'une rente pour maladie professionnelle. Selon le gouvernement, cela concernerait 10 000 personnes par an. On est loin du compte.

Quant à la mise à contribution des hauts revenus, 3,7 milliards au total par an, elle est sans commune mesure par rapport à l'effort demandé aux futurs retraités, aux 20 milliards par an que rapportera à l'État le recul à 62 ans de l'âge légal de départ. L'augmentation de 1 % de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, qui passe de 40 à 41 %, rapportera 230 millions d'euros, et l'augmentation de 1 % de la taxation sur les plus-values de ventes d'actions... 90 millions d'euros. C'est ce que le gouvernement entend par « faire payer les riches » ! C'est à peine s'ils s'en apercevront.

Et oser parler de justice, de solidarité, d'équité, quand le principal résultat de la réforme sera, pour la majorité des futurs retraités, non de travailler plus, faute de trouver un travail, mais de toucher moins ! Et pour ceux qui seront au chômage deux, trois ou cinq ans avant l'âge légal de départ en retraite, non de prolonger la durée d'activité, mais celle du chômage, de la précarité et, à terme, de la misère !

Mais au-delà du détail des mesures, si cette réforme est injuste et inéquitable, c'est parce qu'elle fait porter l'essentiel de l'effort sur les salariés. Or, s'il y a un problème de financement des retraites, ce n'est pas parce que les salariés vivent trop vieux et ne veulent pas travailler assez longtemps. Le trou dans les caisses de retraite n'est pas creusé par les travailleurs, mais par les patrons : par le chômage, les bas salaires, la multiplication des contrats précaires, l'envolée des exonérations de cotisations, qui ont fait s'effondrer les recettes des caisses de retraite.

L'explosion du chômage lié à la crise actuelle a fait exploser le déficit des caisses de retraite : celui de la Caisse nationale d'assurance vieillesse est ainsi passé de moins de 4 milliards d'euros en 2007 à plus de 9 milliards en 2010. Mais le problème ne date pas d'hier. Ce n'est pas la crise qui l'a créé, elle n'a fait que l'exacerber. Et si ces régimes sont menacés, c'est parce que, depuis trente ans, la part des salaires dans les richesses produites n'a cessé de diminuer, tandis que celle des dividendes n'a cessé d'augmenter.

Aujourd'hui, c'est aux travailleurs et pas aux actionnaires - autrement dit aux victimes de cette politique et pas à ses bénéficiaires - qu'on demande de combler les trous que ces derniers, que les patrons, que la bourgeoisie, a creusés. C'est cela qui est injuste et inacceptable. C'est à la bourgeoisie, c'est aux actionnaires de payer.

Partager