Procès de Villiers-le-Bel : La main lourde d'une justice aux ordres07/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une-2188.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Leur société

Procès de Villiers-le-Bel : La main lourde d'une justice aux ordres

Le procès de cinq jeunes de Villiers-le-Bel, accusés d'avoir tiré sur des policiers lors des émeutes de novembre 2007, s'est soldé par de lourdes condamnations, allant jusqu'à 15 ans de prison ferme. La cour d'assises du Val-d'Oise n'avait pourtant aucune preuve contre ces cinq jeunes habitant la cité et issus de l'immigration africaine.

Le scénario du procès avait été annoncé par Sarkozy dès le lendemain des émeutes : « Je veux dire de la façon la plus solennelle que j'ai fixé un objectif de résultat : nous retrouverons les tireurs (...) un par un et pour eux, ce sera la cour d'assises. » À l'issue du procès, où 90 policiers s'étaient portés partie civile, le ministre de l'Intérieur Hortefeux a pu déclarer : « C'est un signal fort adressé aux délinquants (...). La puissance publique finit toujours par gagner. »

La police ne disposait d'aucune preuve, d'aucune trace ADN, d'aucun aveu non plus, chacun des accusés clamant son innocence. Tout dans ce procès a donc été fabriqué : la police a sollicité des témoignages anonymes (« sous X ») et qui plus est, en promettant une forte rémunération. C'est donc sur des bases aussi peu fiables que le témoignage d'un « indic » de la police, celui d'un ancien détenu ou encore le « flash » d'un policier qui reconnaît brusquement un tireur trois ans après, que les accusés ont été condamnés. Les règles élémentaires du droit bourgeois sur les nécessaires preuves, la présomption d'innocence et le bénéfice du doute ont disparu.

Les émeutes de Villiers-le-Bel (25 et 26 novembre 2007) avaient suivi le décès de deux adolescents dans une collision entre leur moto et une voiture de police. Outre les condamnations du 5 juillet 2010, la justice avait déjà condamné dix jeunes à des peines de un à trois ans de prison ferme en juillet 2009. Quant aux policiers impliqués dans l'accident, dont ils étaient accusés d'être responsables du fait d'une conduite imprudente et d'un excès de vitesse, ils ont bénéficié d'un non-lieu.

« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », écrivait jadis un fabuliste célèbre. On ne saurait mieux dire pour cette parodie de procès, où le pouvoir voulait des condamnations et où il les a fabriquées.

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