Dernières révélations chez les Bettencourt : Les dessous (sales) du monde bourgeois et de ses serviteurs07/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une-2188.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C163%2C226_crop_detail.png

Leur société

Dernières révélations chez les Bettencourt : Les dessous (sales) du monde bourgeois et de ses serviteurs

« Dédé arrosait large » : voilà ce qu'a déclaré au journaliste de Médiapart celle qui fut pendant treize ans la comptable de la famille Bettencourt. « Dédé », c'était André Bettencourt, le mari de Liliane, la patronne de L'Oréal et deuxième fortune de France.

Cette comptable qui venait d'être entendue par la police a ajouté : « Dédé, il ne s'en cachait pas, a toujours arrosé la droite ». Et de décrire les enveloppes de 20 000 à 100 000 euros d'argent liquide qu'elle était tenue de préparer pour lui. Parmi les bénéficiaires des enveloppes, il y aurait eu Woerth, en 2007, en tant que trésorier de la campagne de Sarkozy, pour 150 000 euros. Et enfin Sarkozy lui-même qui, selon elle, aurait fait de nombreuses visites à l'hôtel particulier du couple milliardaire. La comptable a aussi déclaré qu'elle avait la charge de sortir 50 000 euros par semaine en liquide pour les dons privés de Liliane Bettencourt, qui avait repris à son compte les « bonnes oeuvres » de son mari mort en novembre 2007. Voilà le dernier en date des épisodes des révélations qui accompagnent la guerre au sein de la famille Bettencourt.

Ces liens entre les grandes familles bourgeoises et les sommets de l'appareil politique et de l'État, c'est-à-dire la subordination, et parfois la subornation pure et simple, des seconds vis-à-vis des premiers, sont une constante, mais cette fois elle est étalée au grand jour avec une certaine ampleur. Et pour cause, il s'agit d'une des toutes premières fortunes du pays.

Les hommes et les femmes politiques des partis de gouvernement ont l'habitude de dire avec emphase qu'ils se mettent « au service du pays ». Pour être au service, ils le sont, au sens le plus terre-à-terre du mot. Seulement, ce qu'ils appellent le pays, ce sont les grands capitalistes, les seigneurs de la finance et de l'industrie. Cette soumission totale entre maîtres et serviteurs, ce système des enveloppes distribuées comme pourboires l'illustre bien.

Que Sarkozy soit passé d'avocat d'affaires à ministre, puis à président de la République, il était toujours dans le même travail. Les bourgeois reconnaissent ses mérites, comme Martin Bouygues ou Bernard Arnault, le patron de LVMH et première fortune de France, qui avaient été témoins à un de ses mariages. Mais à gauche il en est de même. Strauss-Kahn alternera les postes ministériels avec son cabinet d'avocat d'affaires, lié entre autres à Elf, ou encore, dans les années 1990, comme vice-président du très fermé Cercle de l'industrie, aux côtés entre autres de Vincent Bolloré, autre milliardaire célèbre. Et cela avant d'être désigné par Sarkozy pour être le directeur du FMI. De même Martine Aubry était dans la continuité de ses fonctions quand elle quitta le poste de directrice adjointe de Péchiney, aux ordres de Jean Gandois, futur président du CNPF, ancêtre du Medef, pour entrer dans le gouvernement de gauche présidé par Mitterrand.

La France qu'ils aiment, comme le disent tous ces gouvernants, c'est celle-là ; celle pourrie de fric et pour laquelle ils sont tous prêts à faire crever le reste de la population.

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