Suisse : Un non massif à la baisse des retraites10/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2171.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Suisse : Un non massif à la baisse des retraites

Parmi les trois référendums qui ont eu lieu le 7 mars en Suisse, l'un concernait la modification de la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle (LPP). La prévoyance professionnelle, qui représente ce qu'on appelle en Suisse le deuxième pilier des retraites, correspond en gros aux retraites complémentaires obligatoires en France. Cette modification devait entraîner une baisse du niveau des pensions de retraite. Elle aurait particulièrement touché les bas salaires.

Mais pour une fois le résultat du vote n'a pas été conforme aux attentes des possédants. Pour une participation de 44,9 % - un peu inférieure à celles d'autres initiatives populaires - 72,7 % des votants se sont exprimés contre la baisse des retraites.

Ce résultat sans appel est la conséquence d'une campagne entamée il y a environ un an par différents syndicats, le Parti Socialiste, les Verts, des associations comme Attac et le magazine de consommateurs Ktipp, qui s'étaient mobilisés pour rassembler les 205 000 signatures nécessaires à l'organisation d'un référendum d'initiative populaire, comme la possibilité en existe en Suisse afin d'abroger une loi ou d'en proposer une nouvelle.

En 2003 déjà, une baisse du niveau des pensions avait été votée et était entrée en vigueur à partir de 2005. Le gouvernement entendait donc revenir à la charge. Une nouvelle baisse était programmée à partir de 2016. Le patronat, et en particulier celui des assurances, ont répété à satiété, comme en France, que, l'espérance de vie augmentant, les caisses de retraite ne pourraient faire face et allaient se retrouver en difficulté. L'association patronale Économiesuisse a ainsi dépensé plus de 5 millions de francs suisses dans une campagne de propagande pour le oui. Elle en a été pour ses frais. Tout comme l'UDC, ce parti d'extrême droite xénophobe, qui a été à l'initiative du référendum tenu en novembre dernier sur l'interdiction de la construction de minarets dans le pays et qui avait également appelé à voter oui à la réforme des retraites.

Tout ce monde-là a donc reçu une claque. Il est vrai que la population suisse est aux premières loges pour savoir ce qu'il en est des prétendues difficultés des différentes institutions financières : rien qu'en 2009, la valeur des actions des sociétés cotées à la Bourse de Zurich a augmenté de 18 % !

Bien sûr, les milieux patronaux et les politiciens à leur service, préparent d'autres attaques, en particulier contre l'assurance chômage. Et ils trouveront sans doute d'autres moyens pour revenir à la charge sur les retraites. En 2002 un autre référendum avait ainsi repoussé la libéralisation du marché de l'électricité. Pourtant celle-ci avait fini par être instaurée en 2008. Pour faire vraiment reculer les possédants, il faudra plus qu'un référendum et les travailleurs devront mener le combat sur un tout autre terrain. Mais pour une fois, ce ne sont pas les banques et le grand capital qui ont donné le ton en Suisse, mais bien plutôt le monde du travail.

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