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- Lutte ouvrière n°2171
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Dans les entreprises
Arc International - Arques (Pas-de-Calais) : Grève contre les projets de restructuration
À l'appel des organisations syndicales, à l'exception du syndicat autonome propatronal, plus de 2 000 travailleurs ont fait grève mardi 9 mars. Depuis 1937, il n'y avait jamais eu de grève, à la Cristallerie d'Arques.
Arc International (anciennement Cristallerie d'Arques) est une entreprise qui est leader mondial des « arts de la table », principalement dans le verre et la vaisselle. Cette activité a enrichi pendant des décennies sa propriétaire, la famille Durand, qui figure parmi les premières grandes fortunes de France. Depuis six ans, dans le but de maintenir au plus haut les marges de profit, la direction poursuit une politique de restructuration des usines d'Arques, de rachat d'entreprises comme Pyrex, et a délocalisé des productions sur tous les continents, principalement en Chine et au Moyen-Orient. À Arques, depuis six ans, près de 6 000 emplois sur plus de 12 000 ont été supprimés, externalisés et sous-traités à d'autres entreprises. Et la direction envisage encore de diminuer les effectifs pour 2011 !
Depuis la crise de 2008, les attaques ont redoublé : recours au chômage partiel, des centaines de mutations, réorganisation du travail avec augmentation des cadences, jours de congés imposés, changement de rythme des équipes avec des pertes de salaire, blocage des salaires et chute vertigineuse des primes.
En l'absence de tradition de lutte, et le paternalisme patronal ayant une emprise importante sur le personnel, les Durand et Cie croyaient que les travailleurs se seraient résignés à accepter tous les mauvais coups et que cela passerait comme une lettre à la poste. Mais trop c'est trop ! Le 9 mars, ce sont plus de 2 000 salariés qui se sont retrouvés à manifester de l'entrée de l'usine jusqu'aux bureaux de la direction : banderole et tambour en tête, en cortège serré, dynamique, aux cris de « Y'en a marre ! ». Car c'est ce que ressentent bien des travailleurs, qui ont travaillé dur chez Durand pendant des années, et ont pour tout remerciement la chute brutale de leur niveau de vie, et de vivre dans l'angoisse de perdre leur emploi.
Les délégués syndicaux ont été reçus par la direction pendant que, massés à l'entrée, les travailleurs attendaient de pied ferme en criant « Direction, démission ». Pour le moment, celle-ci maintient tous ses projets de réorganisation, de fermeture de fours, de délocalisation de production et de gel des salaires. Mais elle n'en a pas fini avec la colère des salariés, qui viennent de découvrir la force qu'ils représentent quand ils font grève tous ensemble. Il faut imposer à Durand de prendre sur ses profits et sa fortune personnelle pour garantir les emplois et les salaires de tous.