Cinéma électoral : Sarkozy « convoque » les banquiers10/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2171.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Cinéma électoral : Sarkozy « convoque » les banquiers

À moins de dix jours du premier tour des élections régionales, Sarkozy a invité à l'Élysée les représentants des grandes banques... et les chaînes de télévision pour qu'elles le montrent en train de faire la leçon aux banquiers. Cette petite comédie aura-t-elle impressionné certains électeurs ? En tout cas, elle n'a pas eu l'air de vraiment émouvoir les banquiers. Et pour cause ! Eux ne se paient pas de mots.

Selon le communiqué de la présidence, Sarkozy a demandé aux banquiers de rester « pleinement mobilisés » pour financer l'économie... Quelle blague ! Mobilisées, les banques le sont toujours pour spéculer, car c'est ce qui rapporte le plus à leurs actionnaires. Elles se moquent bien que cela enfonce des pays entiers dans la pauvreté et que ça aggrave la crise mondiale en paralysant l'économie.

S'agissant des PME (petites et moyennes entreprises) et des TPE (très petites entreprises), sujet annoncé de cette réunion, et de leurs patrons dont beaucoup, considérés comme des électeurs de droite, se plaignent de ne pouvoir obtenir des prêts bancaires, Sarkozy et ses ministres en ont donc fait des tonnes... pour obtenir des banques une vague promesse de 96 milliards de crédits pour 2010.

Mais, à y regarder de plus près, ce chiffre destiné à impressionner ne représenterait, selon le quotidien économique La Tribune, qu'une « augmentation de 3 % par rapport aux crédits accordés en 2009 par les cinq grands réseaux français » de banques, des crédits notoirement insuffisants. En outre, ce journal explique comment les banques en question se sont arrangées, l'an dernier, pour « gonfler leurs chiffres » d'attribution de crédits. Quant au Figaro, qui lui non plus n'a rien d'un brûlot antibanques, il affirme : « Ce que les banques ne veulent pas, c'est graver dans le marbre un objectif de croissance de leurs encours de crédit aux TPE et PME. »

En termes plus crus, c'est une façon pour les banquiers de dire au président : « Cause toujours, tu m'intéresses. » Et cela au propre comme au figuré. Parce que, bien qu'il ait été élu à l'Élysée, ce n'est pas Sarkozy qui décide de ces choses-là, ni de toutes celles de quelque importance, mais les dirigeants des banques, leurs actionnaires, les membres de leurs conseils d'administration. Pour tous ces gens-là qui détiennent le véritable pouvoir, celui que confère la possession du capital, Sarkozy n'est bon qu'à leur fournir des milliards d'argent public... et à chercher à donner le change à la population.

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