IVG : Un droit en danger, un droit à reconquérir10/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2171.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

IVG : Un droit en danger, un droit à reconquérir

Les forfaits versés par la Sécurité sociale pour rémunérer les interruptions volontaires de grossesse (IVG) vont être augmentés dès 2010. Roselyne Bachelot l'a annoncé à l'occasion de la journée internationale des femmes, assurant que cette hausse aurait lieu « dans les prochaines semaines » et qu'elle représente une enveloppe annuelle de 27 millions d'euros.

La ministre a ajouté que cela représente « une revalorisation moyenne de l'IVG de 50 %, mais ça peut être beaucoup plus pour l'IVG instrumentale avec anesthésie, où on passe de 383 euros à 625 euros, donc une augmentation de 63 % qui couvrira les frais réels. »

Qu'elles soient médicamenteuses ou « instrumentales », c'est-à-dire chirurgicales et pratiquées sous anesthésie avec hospitalisation, les IVG sont rémunérées au forfait. Depuis des années, tous les services qui pratiquent des IVG chirurgicales dénoncent l'insuffisance du forfait, affirment qu'il est très insuffisant par rapport au coût réel de l'intervention. Du coup, considérant qu'il s'agit d'une activité non rentable et même déficitaire, la plupart des cliniques et autres établissements privés ont cessé d'en faire.

Après la revalorisation du forfait, quelques établissements privés vont, peut-être, reprendre un peu de service, un tout petit peu, car cela reste bien moins rémunérateur que de nombreuses autres interventions chirurgicales. Les établissements publics, eux, ne peuvent qu'être satisfaits de cette hausse de leur rémunération.

Mais cela ne réglera pas le problème pour toutes les femmes qui désirent mettre un terme à une grossesse non désirée. En effet, en même temps qu'elle annonce la revalorisation du forfait, la ministre de la Santé continue à orchestrer sa casse de l'hôpital public. Pour des raisons d'économies sur les services publics, des services ferment dont certains où on pouvait se faire avorter. Rien qu'en région parisienne, les centres d'IVG de l'hôpital Broussais, de l'hôpital Tenon, de Jean-Rostand à Ivry ont fermé leurs portes ; ceux de Poissy, d'Avicenne, de Saint-Antoine, etc. sont menacés. Et la même casse se déroule en province. Des services qui pratiquaient des milliers d'IVG chaque année sont en train de disparaître.

35 ans après le vote de la loi qui a dépénalisé l'avortement, le recours à l'IVG relève encore pour de nombreuses femmes du parcours du combattant. Alors que, légalement, chaque service hospitalier de gynécologie-obstétrique devrait avoir une unité qui pratique des avortements, beaucoup s'y refusent. Alors que, toujours légalement, l'IVG peut et doit être pratiqué jusqu'à quatorze semaines de retard des règles, des hôpitaux s'y refusent dès la dixième ou douzième semaine. Chaque année, parce qu'elles n'ont pas trouvé de solution à temps, plus de cinq mille femmes n'ont d'autre choix que de se payer un voyage à l'étranger. Si elles en ont les moyens...

Cette liberté essentielle qu'est pour les femmes le droit à disposer de son corps, le droit à l'avortement reste à reconquérir.

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