Maladie du sommeil : La loi du profit aussi dangereuse que la mouche tsé-tsé12/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2141.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maladie du sommeil : La loi du profit aussi dangereuse que la mouche tsé-tsé

L'épidémie de grippe A mobilise aujourd'hui quelques-uns des laboratoires les plus compétents et c'est tant mieux. Mais une autre maladie mortelle n'obtient qu'une attention dérisoire. Il s'agit de la trypanosomiase africaine, autrement dit la maladie du sommeil véhiculée par la mouche tsé-tsé. Cette maladie, qui ne sévit qu'en Afrique noire, s'attaque au système nerveux et conduit à la mort. Elle connaît une recrudescence depuis 1970 et affecterait aujourd'hui entre 300 000 et 500 000 personnes nouvelles chaque année. C'est, d'après l'OMS, la principale cause de mortalité dans cette région de l'Afrique, avant le sida.

S'il n'existe aucun vaccin pour combattre la trypanosomiase, il existe tout de même des traitements. La seule histoire de l'un de ces médicaments montre cependant à quel point la santé humaine n'est rien face à la loi du profit. En effet le traitement le plus efficace, basé sur la molécule DFMO, a été abandonné de 1995 à 2001 par Aventis parce qu'il n'était pas jugé assez rentable. Aventis avait bien donné le brevet à l'OMS, mais aucune société ne l'avait repris, le marché n'étant pas financièrement suffisant. Mais, les lois de ce même marché étant aussi obscures que révoltantes, la molécule s'est avérée rentable dans l'utilisation d'une crème dépilatoire aux États-Unis ! La société Bristoll Myers Squibb et Gillette en a donc repris la fabrication, en produisant à moindre coût le médicament pour l'Afrique.

Cependant produire le médicament ne suffit pas, il faut aussi l'administrer et déployer pour ce faire des moyens humains et matériels dont le premier est le dépistage de la maladie qui, si elle n'est pas prise à temps, devient mortelle. Aujourd'hui, alors que l'OMS estime à 60 millions le nombre de personnes susceptibles d'être contaminées, seules trois à quatre millions font l'objet de tests de dépistage. Du coup 80 % des personnes contaminées finissent par mourir.

Et la situation va en empirant ces dernières années. Des scientifiques ont en effet constaté que la mouche tsé-tsé, chassée de son habitat naturel de la savane par la désertification, colonisait à présent les principales villes d'Afrique tropicale ou équatoriale, comme Abidjan en Côte d'Ivoire, ou Kinshasa en République Démocratique du Congo, menaçant ainsi des concentrations humaines de plus en plus importantes.

Les effets de cette maladie pourraient être bien moindres. Dans certaines régions d'Afrique, comme à Zanzibar, elle a pu être complètement éradiquée en menant une campagne de stérilisation de la mouche tsé-tsé. Seulement les États africains concernés ne disposent pas des moyens nécessaires. Quant à la recherche sur cette maladie, elle stagne car celle-ci ne constitue pas aujourd'hui un marché suffisamment rentable pour les grandes sociétés pharmaceutiques.

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