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Berlin : Le chaos dans les transports en commun
Le 1er mai dernier, le déraillement d'un train à la suite de la rupture d'une roue - heureusement sans conséquence pour les passagers - avait entraîné la paralysie pendant des heures d'une ligne du réseau berlinois de S-Bahn (l'équivalent du RER). Le responsable de la S-Bahn, Tobias Heinemann, avait aussitôt démenti les informations selon lesquelles un manque d'entretien était à l'origine de l'accident.
Pourtant ce n'était pas la première fois que des manquements aux règles minimales de maintenance avaient été notifiés à la Deutsche Bahn, les chemins de fer allemands, dont le réseau de S-Bahn est une division. Mais le 29 juin l'Office fédéral des chemins de fer (EBA) effectuait de nouveaux contrôles pour vérifier si l'entreprise appliquait ses recommandations, c'est-à-dire faisait vérifier les roues de toutes les rames tous les sept jours, comme elle s'y était engagée après l'accident. Constatant que le niveau d'entretien n'était pas suffisant, l'EBA a alors ordonné le retrait immédiat de la circulation de tous les trains sur lesquels les vérifications n'étaient pas effectuées dans les délais impartis.
Mi-juillet, l'EBA est allé encore plus loin et a contraint la Deutsche Bahn à faire réviser d'urgence un nombre important de voitures, qu'il jugeait dangereuses. Cela conduit à un chaos total dans le réseau puisqu'à partir du 20 juillet seul un tiers du parc habituel de rames est resté opérationnel. Résultat : des stations ont dû être fermées, les intervalles entre les passages des trains ont été allongés sur de nombreux axes, des lignes ont été remplacées par des parcours en autobus (qui ne peuvent bien sûr pas transporter un nombre équivalent de passagers), enfin des trains de banlieue et même des voitures qui circulent habituellement sur les réseaux d'autres grandes villes comme Stuttgart ou Munich ont été réquisitionnés pour remplacer le matériel défaillant. Tout cela devrait durer plusieurs mois, puisque la direction de la Deutsche Bahn ne prévoit une reprise complète du trafic à Berlin que début décembre.
Voilà comment, dans la capitale d'un des pays les plus riches et développés d'Europe, la course folle à la rentabilité a conduit à des économies sordides sur le personnel, sur l'entretien (l'atelier de réparation de Berlin-Friedrichsfelde a ainsi été fermé en 2006 et la direction se refuse à le rouvrir malgré la demande des syndicats) et finalement conduit à la paralysie du réseau.