Incendie à Sevran (Seine-Saint-Denis) : Des morts qui ne sont pas dues à la fatalité12/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2141.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Incendie à Sevran (Seine-Saint-Denis) : Des morts qui ne sont pas dues à la fatalité

Dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 août, un incendie s'est déclaré dans un immeuble du quartier des Beaudottes à Sevran, en Seine-Saint-Denis, faisant cinq morts. Cent cinquante personnes se retrouvent actuellement sans logement.

Les locataires ont été pris au piège par les flammes pendant leur sommeil. L'évacuation des locataires par le haut de l'immeuble a été rendu difficile : la trappe de sortie donnant sur le toit avait été cadenassée par le bailleur, au mépris de toute règle de sécurité. Les dirigeants de la société immobilière 3 F ont multiplié les déclarations publiques afin de se dédouaner, prétextant que le « quartier était difficile », qu'ils avaient été contraints de fermer la trappe à cause des dealers qui squattaient l'immeuble et pouvaient monter sur le toit pour « caillasser » la police ! Et c'est non sans cynisme que l'un d'entre eux a déclaré qu'il ne fallait pas confondre « issue de secours » et « grille d'évacuation des fumées »... laissant entendre que celle-ci avait bien fonctionné. Donc aucune responsabilité pour le bailleur. Combien faudra-t-il de morts pour que ces gens-là ravalent leur morgue ?

C'est non sans raison que les locataires de l'immeuble de Sevran en colère pointent du doigt la responsabilité du bailleur. Le quartier des Beaudottes est l'un des plus pauvres de Sevran. L'immeuble était dégradé. Les poubelles et autres caddies encombraient les escaliers et le rez-de-chaussée en permanence, protégeant ainsi les trafic des dealers. Même les gardiens avaient délaissé l'immeuble. Alors, à qui la faute ? Qui a laissé la situation se dégrader à ce point ?

Dans cet immeuble, il n'y avait pas de détecteur de fumée avec jets d'eau. Pas d'extincteurs non plus. L'enquête permettra sans doute d'établir les causes de cet incendie tragique. Mais une chose est certaine, il ne doit rien à la fatalité. Il ne peut y avoir de fatalité lorsqu'on laisse la population s'appauvrir et s'entasser dans des immeubles vétustes et insalubres.

La société immobilière 3 F gère un parc locatif de près de 150 000 logements et affiche cent millions de résultats financiers. Elle ne saurait donc se soustraire à ses responsabilités. Elle a les moyens pour entretenir son parc, réhabiliter les immeubles les plus dégradés. De son côté, l'État ne saurait se dégager des siennes : lui aussi est responsable, en ne construisant pas assez des logements sociaux de qualité pour loger la population.

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