Bonus des banquiers : Rien de nouveau sous le soleil capitaliste12/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2141.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bonus des banquiers : Rien de nouveau sous le soleil capitaliste

« Je suis en état de vigilance totale », a déclaré la ministre de l'Économie Christine Lagarde, après le tollé suscité par la révélation que la banque BNP Paribas avait discrètement mis de côté un milliard d'euros, pour les accorder sous forme de bonus à ses traders (chargés des activités sur les marchés financiers). Il fallait faire croire que les banques devaient rendre des comptes.

Tout cela n'étant bien sûr que des mots creux. Ainsi, interrogée sur ses intentions, la Société Générale a confirmé qu'elle avait, elle aussi, provisionné une certaine somme, qu'elle a refusé de dévoiler.

C'est que les banques françaises se comportent comme leurs homologues étrangers. Un récent rapport, paru aux États-Unis, révélait qu'en 2008 cinq mille personnes s'étaient partagé 5 milliards de dollars de bonus. En Grande-Bretagne, le total des bonus devrait s'élever cette année à plus de 5 milliards d'euros, contre 3,8 milliards en 2008. Le record 2009 étant détenu par Goldman Sachs, qui a mis de côté 11 milliards de dollars pour ses dirigeants et traders !

Tout cela est d'autant plus choquant que les banques ont reçu des aides de l'État pour surmonter la crise financière née en 2007 de la spéculation sur les prêts hypothécaires, les fameux subprimes. La BNP Paribas a ainsi obtenu 5,1 milliards d'euros, qu'elle n'envisage pas de rembourser dans l'immédiat : « Nous y réfléchirons, mais sans hâte et sans précipitation », disait récemment son directeur général. Pourtant ses bénéfices fin juin sont en hausse de 6,6 % par rapport à la même période de 2008, ses réserves sont passées de 45 à 60 milliards d'euros. Comme les principales banques, elle a, grâce aux aides de l'État, surmonté sans trop de difficultés la crise. Elle en a profité aussi pour racheter des concurrents, comme la banque belge Fortis, ce qui lui a permis de devenir la première banque de détail d'Europe.

Toutes les banques font de même et se moquent bien de la morale. Chacune paye pour s'attacher les services des meilleurs dirigeants et des meilleurs traders, ceux qui feront gagner encore plus d'argent aux actionnaires.

Et pourtant en avril dernier les pays les plus riches, réunis en G20 à Londres, proclamaient qu'ils allaient « réformer les institutions financières internationales pour surmonter la crise et prévenir la suivante ». Sarkozy répétait qu'il fallait moraliser le capitalisme. On nous demandait de croire à la fable qu'aider les banques était une nécessité pour surmonter la crise, car c'était elles qui pouvaient fournir le crédit si indispensable aux entreprises. En contrepartie, le G20 leur recommandait entre autres d'encadrer davantage le versement des bonus, mais sans les plafonner et surtout sans aucune contrainte. Cela suffisait pour que le journal Le Monde titre alors : « Le G20 pose les nouvelles règles du capitalisme mondial » !

Mais la BNP a expliqué que ses bonus étaient tout à fait acceptables selon les règles du G20, ce qu'a confirmé le directeur de la Banque de France. Bref, rien n'a changé. Car les gouvernements sont complices des dirigeants des banques, qui font partie des groupes capitalistes les plus puissants. Par exemple, au conseil d'administration de la BNP, on trouve le patron de Saint-Gobain, le président d'honneur d'Axa, l'ancien dirigeant de Renault ainsi que Laurence Parisot (par ailleurs dirigeante du Medef).

En ce moment, les banques continuent de prêter très difficilement aux petites entreprises et aux particuliers, et uniquement à des taux élevés. Le gouverneur de la Banque centrale européenne l'a encore déploré récemment, appelant les banques d'Europe à jouer leur rôle pour relancer l'activité économique. Mais les banques savent bien que l'économie capitaliste est toujours en crise. Il est bien plus rentable pour elles de continuer de spéculer, en plaçant des capitaux sur les marchés des actions ou des matières premières comme le pétrole, qui augmentent très vite en ce moment.

Une attitude qui est précisément à l'origine de la crise financière actuelle.

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