Réouverture du haut-fourneau d'ArcelorMittal - Hayange (Moselle) : L'or des actionnaires n'a jamais cessé de couler12/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2141.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Réouverture du haut-fourneau d'ArcelorMittal - Hayange (Moselle) : L'or des actionnaires n'a jamais cessé de couler

Nul n'a pu ignorer qu'ArcelorMittal avait rallumé un de ses deux hauts-fourneaux lorrains, le P6, début août. Cela a fait la une de tous les journaux télévisés célébrant cette nouvelle présentée comme une embellie dans la crise économique. Mais tout ce battage ne peut faire oublier aux travailleurs la fermeture définitive de l'aciérie et d'un laminoir à Gandrange.

Le groupe ArcelorMittal a fermé 15 de ses 25 hauts-fourneaux européens au début de l'année en raison de la chute de la demande d'acier. En fait, ArcelorMittal avait largement anticipé la baisse des commandes et, en freinant brutalement sa production, le numéro un mondial de l'acier voulait aussi maintenir les cours en asséchant les marchés. Les gros clients de la sidérurgie, et en particulier l'industrie automobile qui a également liquidé ses stocks, contraint aujourd'hui ArcelorMittal à relancer en partie ses installations.

Dans le même temps, ArcelorMittal a supprimé en quelques mois 20 000 emplois dans le monde, sur ses 316 000 employés. Même si le groupe a annoncé une perte nette de 1,9 milliard de dollars au premier semestre (contre un bénéfice de 8 milliards au premier semestre 2008), ce sont là des pertes très relatives puisque le profit avant impôts est reparti à la hausse en fin du dernier semestre et devrait, pour les mois de juillet, août et septembre, se monter à près de 1,8 milliard.

Au-delà des chiffres, qui n'expriment que ce qu'on veut bien leur faire dire, il est certain qu'ArcelorMittal fait porter tout le poids de la crise sur les travailleurs. Ceux du groupe, mais aussi les sous-traitants, où les licenciements pleuvent en raison notamment de la fermeture de Gandrange. Par exemple, Multiserv a engagé 64 licenciements et SPIE-Est en prévoit 33.

Autant dire que le redémarrage du P6 ne signe pas la fin des suppressions d'emplois et ne garantit pas le maintien de la dernière grosse installation d'ArcelorMittal en Lorraine, qui s'étend sur plusieurs communes : Hayange, Ukange, Florange et Sérémange. L'autre haut-fourneau, le P3, est d'ailleurs toujours à l'arrêt. Illustration de l'improvisation qui a présidé au redémarrage du P6 : on a été jusqu'à chercher des pièces sur le P3 pour remettre en route le P6 !

D'arrêt brutal en redémarrage en catastrophe, ainsi va l'économie, incapable de fonctionner autrement que par à-coups, passant de l'inactivité forcée à l'hyperactivité débridée, pour que les actionnaires continuent de s'enrichir en toutes circonstances.

Partager