Allemagne : Porsche et Volkswagen, des spéculations dont les travailleurs font les frais12/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2141.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Porsche et Volkswagen, des spéculations dont les travailleurs font les frais

Le 23 juillet et après des mois de tractations, Porsche (99 000 voitures par an) et le trust Volkswagen (6,3 millions de voitures par an) ont annoncé leur intention de fusionner. Il y a quelques mois encore, juste avant la crise, c'est pourtant Porsche - soixante fois plus petit que VW - qui voulait racheter Volkswagen.

En 2007, l'annonce de ce projet a marqué le début d'une spéculation effrénée autour des actions Volkswagen. Celles-ci étaient déjà passées de quelque 30 euros à 80 euros en 2006, après l'annonce par Volkswagen d'un plan de 20 000 suppressions d'emplois. Les achats d'actions VW par Porsche et les rumeurs sur le rachat projeté firent monter le cours à 200 euros, puis fin octobre 2008 l'action grimpa en un jour à 1 000 euros !

Résultat : Porsche afficha en 2007-2008 un profit plus élevé que son chiffre d'affaires, grâce à sa possession d'un bon paquet d'actions VW !

Porsche était devenu actionnaire à 50 % de VW et son PDG annonça qu'il ne s'arrêterait pas là, qu'il était prêt notamment à s'en prendre à l'existence de certaines usines qu'il « aurait fermées depuis longtemps » car, disait-il, « je sais comment faire de l'argent avec des voitures ».

Mais depuis, la crise a éclaté, entraînant la baisse des ventes de voitures et du cours des actions des firmes automobiles. Porsche s'est retrouvé très endetté, avec des banques qui avaient fermé le robinet des crédits, et devait trouver rapidement entre 9 et 14 milliards d'euros pour faire face à ses échéances. Et l'achat du puissant VW par le petit Porsche s'est mué en fusion.

Mais pourquoi cette fusion alors que Porsche détient 50 % des actions VW ? Parce que la fusion impliquera le versement par VW de 8 milliards d'euros à Porsche, pris sur les réserves de VW qui s'élèveraient à 11 milliards.

C'est ainsi que la famille Porsche-Piëch compte se tirer d'affaire sur le dos des travailleurs, en essayant de ne pas écorner son immense fortune. Parce que les réserves de VW, tout comme les copieux dividendes de VW et de Porsche que la famille Porsche-Piëch a encaissés au début de l'année, sont le fruit de l'exploitation des travailleurs, une exploitation qui s'est accrue ces dernières années. Car si Volkswagen continue à faire des profits malgré la crise, c'est non seulement à cause des « primes à la casse », mais surtout parce que la direction, outre la suppression de 20 000 postes, a augmenté le temps de travail de quatre heures hebdomadaires et imposé des conditions salariales bien moins favorables pour les nouveaux embauchés. Dès le début de la crise, les 16 500 travailleurs intérimaires ont été renvoyés. Sans parler du fait qu'une partie des réserves que VW est en train d'engager pour ses actionnaires est censée payer les retraites actuelles et futures des travailleurs en Allemagne.

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