Électricité : Le prix augmente, il devrait baisser12/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2141.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Électricité : Le prix augmente, il devrait baisser

Le scénario habituel s'est répété : le patron d'EDF a réclamé une hausse très élevée des tarifs, 20 % en trois ans, que les représentants des pouvoirs publics ont estimée trop importante... avant de consentir cependant à EDF une hausse moins forte, mais une hausse tout de même. EDF a donc, au moins partiellement, obtenu satisfaction.

La hausse prévue pour la mi-août, sous réserve d'accord de la Commission de régulation de l'énergie, sera de 1,9 % pour les particuliers. En dépit des arguments d'EDF et des représentants des pouvoirs publics, cette hausse est totalement injustifiée.

EDF met en avant les investissements qu'elle va devoir faire. Elle est en train de construire un nouveau réacteur nucléaire (EPR) et bientôt deux, à quatre ou cinq milliards d'euros pièce. En outre il faut améliorer le réseau de transport et de distribution. Tout cela va revenir fort cher, mais beaucoup moins que les achats énormes, faits par EDF, de sociétés électriques aux quatre coins du monde. Achats dont les plus récents (British Energy en Grande-Bretagne et Constellation aux États-Unis) dépassent très largement la valeur des EPR en construction et de la rénovation des réseaux. Ces achats d'autres sociétés sont purement spéculatifs. EDF veut être un leader mondial de l'électricité, mais cela se fait au détriment des consommateurs et du personnel, que ce soit en France ou dans les pays étrangers.

L'autre argument utilisé par les dirigeants d'EDF et des pouvoirs publics, c'est qu'EDF vend actuellement son courant moins cher que ses concurrents européens et qu'il faut donc progressivement les ratrapper et s'aligner sur eux. On se souvient qu'il y a quelques années, lors de l'ouverture du marché de l'électricité, les dirigeants nationaux comme européens avaient prétendu que l'arrivée de la concurrence allait faire baisser les prix. On nous explique aujourd'hui que la concurrence fait grimper les tarifs. Et les menteurs qui nous ont dit cela sont toujours au pouvoir !

On a parfois oublié que pendant dix ans (1991-2001) les tarifs d'EDF baissaient chaque année un petit peu (14 % en tout) et qu'ils n'ont recommencé à augmenter qu'avec le développement des achats d'EDF dans les pays étrangers. La conclusion qui s'impose est simple : qu'EDF renonce à ses spéculations internationales et qu'elle renoue avec la politique de baisse des tarifs. Voilà en tout cas ce qu'EDF ferait si elle était un service public et non pas une machine à spéculer.

Ajoutons qu'au moment où l'État veut instaurer la taxe carbone, il serait logique et judicieux de baisser les tarifs de l'électricité qui, pour la presque-totalité (nucléaire et hydraulique), ne provient pas de la combustion des énergies fossiles. Seulement le gouvernement ne se soucie pas davantage des consommateurs que du réchauffement de la planète. La seule chose qui l'intéresse c'est le réchauffement des profits.

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