Molex - Villemur (Haute-Garonne) : Coup de colère des travailleurs12/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2141.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Molex - Villemur (Haute-Garonne) : Coup de colère des travailleurs

Mardi 4 août au soir, les salariés de Molex, en grève depuis trente jours contre la fermeture de l'usine annoncée fin octobre 2008, ont manifesté leur colère à la sortie du directeur de l'usine, puis du directeur de Molex International, avec les invectives appropriées et quelques oeufs. La direction de Molex a osé parler de coups de poing et de « violence physique », et elle a porté plainte pour « agression ».

Ce qu'elle ne dit pas c'est que, lors de la réunion qui a précédé, le directeur américain de Molex International avait coupé court aux discussions en déclarant sèchement qu'il n'y avait plus de négociations avec un repreneur, et qu'il allait faire garder l'usine par des vigiles. Sitôt dit, sitôt fait : en fin de soirée, six vigiles ont pris position à l'entrée du site.

Déjà, le matin même, les salariés avaient eu la surprise de voir que les serrures de certains bâtiments avaient été changées à leur insu, rendant l'accès impossible. Alors, tout cela accumulé a fait monter la colère chez les salariés.

La direction a profité de cet épisode pour décréter la fermeture de l'usine « pour raison de sécurité », en multipliant le nombre des vigiles qui la gardent. Elle a assigné quatre délégués syndicaux au tribunal pour diverses « entraves » ou « atteintes » (à la liberté du travail, du commerce et de l'industrie, au droit de propriété, etc.) et demandé l'autorisation de fermer l'usine « par mesure de sécurité », ainsi que l'expulsion de toute personne perturbant les accès.

Elle a aussi annulé une réunion prévue avec le ministre Estrosi, sous prétexte de cette prétendue « agression ». Le lendemain, les deux gérants de l'usine démissionnaient, en déclarant que la direction américaine du groupe souhaitait reprendre la main.

Estrosi, le ministre de l'Industrie, a qualifié ce qui s'est passé de « violences inacceptables » alors que, a-t-il déclaré, « il se bat » auprès de la direction de Molex pour qu'il y ait un repreneur et pour l'avenir des salariés.

Mais la seule vraie violence, elle est du côté du patronat licencieur, du côté des groupes comme Molex qui n'hésitent pas à jeter à la rue des centaines de salariés pour faire toujours plus de profits.

Cela fait plusieurs mois que direction et gouvernement baladent les salariés avec la promesse d'un éventuel repreneur, en soufflant le chaud et le froid : un jour un repreneur est annoncé (sans dire de qui il s'agit), un jour il est dit que les négociations sont rompues, un troisième qu'il y aurait un second repreneur éventuel, etc.

Vendredi 8 août, l'un des gérants démissionnaires déclarait dans la presse que la direction américaine de Molex allait « durcir le ton ». À cette menace, il ajoutait, à propos d'une éventuelle reprise : « Nous ne sommes pas prêts à laisser nos clients et nos produits à d'autres entreprises. »

Repreneur ou pas, c'est à Molex de payer pour le maintien des emplois et des salaires, et les salariés ont mille fois plus de raisons de compter sur leur détermination et sur leur lutte que sur les promesses d'un ministre.

Les salariés ont voté jeudi 8 août la reprise du travail, pour faire constater que c'était la direction qui « les empêchait de travailler ». Ils ont maintenu leur permanence à l'entrée de l'usine, pour veiller à ce que la direction ne déménage pas subrepticement machines et stocks.

À l'heure où nous écrivons, mardi 11 août, le tribunal a débouté la direction de sa demande d'autoriser la fermeture de l'usine, mais a aussi ordonné « la levée des entraves à la liberté du travail, du commerce », et « l'expulsion de toute personne perturbant les accès ».

Le bras de fer continue donc. Affaire à suivre.

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