La mort d'un jeune à moto - Bagnolet : Accident ou bavure, peut-être ; drame de la société, c'est sûr12/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2141.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La mort d'un jeune à moto - Bagnolet : Accident ou bavure, peut-être ; drame de la société, c'est sûr

Au moment où nous écrivons, on en est encore aux hypothèses sur les circonstances précises de la mort du jeune Yakou Sanogo, lors d'une poursuite avec la police à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis. Y a-t-il eu collision entre la voiture de police et le deux-roues qui roulait à folle allure, comme le disent des jeunes du quartier ? Ou bien Yakou Sanogo a-t-il été pris en étau entre deux véhicules de police auxquels il voulait échapper, pour s'écraser sur une barrière, comme le disent les policiers ? Toute la vérité n'est peut-être pas près d'être faite. Et dans l'immédiat le souci des autorités est de contenir la colère des jeunes du quartier, afin que la situation à Bagnolet ne bascule pas dans des affrontements entre jeunes et policiers, comme ce fut le cas à Clichy-sous-Bois en 2005 et à Villiers-le-Bel en 2007.

Bien sûr, les rodéos à moto ou à bord de squads que font les jeunes dans certains quartiers populaires sont dangereux pour les jeunes eux-mêmes et la population. Mais les courses poursuites des policiers jouant à Starsky et Hutch ne sont pas un remède. Pire, elles risquent d'entraîner ce genre d'accident. Et dans cet été où tant de jeunes des quartiers populaires vivent le désoeuvrement, l'ennui et savent que leur avenir sera fait de chômage et de petits boulots et de privations, les tensions avec la police et la brutalité de nombreuses interventions ne peuvent qu'attiser la peur et une violence faite de rancoeur et de désespoir.

Yakou Sanogo était un jeune de ces quartiers de la banlieue parisienne comme il y en beaucoup. Il livrait les pizzas avec sa moto. Il avait une famille, des copains. Il avait donc un peu de chance puisqu'il travaillait et était entouré. Il ne fuyait pas les flics parce qu'il avait commis un délit. Non. Mais il ne voulait pas se faire choper. Il en est mort.

Alors c'est vrai, les rodéos font peur. Mais le problème, c'est que les interventions policières musclées et destinées à terroriser les jeunes dégénèrent dans des drames qui ne peuvent qu'alimenter la haine et la volonté de se venger que ressentent de nombreux jeunes à qui la société actuelle ne propose pas d'avenir.

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