À La Poste, ce n'est pas seulement un service public, ce sont nos conditions de survie qu'il faut défendre18/09/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/09/une2094.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

À La Poste, ce n'est pas seulement un service public, ce sont nos conditions de survie qu'il faut défendre

Les fédérations syndicales de postiers appellent à une " grève nationale d'action unitaire avec manifestations " le 23 septembre pour " mettre en échec la privatisation de La Poste ". Le gouvernement se prépare en effet à ouvrir La Poste aux capitaux privés.

Fillon et ses ministres jurent que le " caractère public " de La Poste sera sauvegardé et que seront poursuivies " ses missions de service public et la sauvegarde du statut du personnel ". Mais chacun sait que ce sont des mensonges grossiers.

Cela fait des années que, sous prétexte de compétitivité et de rentabilité, tous les gouvernements qui se sont succédé ont remis en cause tout ce qui dans le fonctionnement de La Poste tenait du service public, en la privant des moyens d'y faire face convenablement. Ils ont supprimé des dizaines de milliers d'emplois. Ils ont généralisé les emplois précaires mal payés, ils ont multiplié les contractuels et le personnel en contrat de droit privé, dont le nombre s'approche de la moitié des effectifs à La Poste. Ils ont mené la guerre aux employés en aggravant leurs conditions de travail.

Ils ont privilégié les services qui s'adressent à ceux qui ont de l'argent pour diminuer ceux qui concernent toute la population. Combien de bureaux de poste fermés dans les villages et au mieux remplacés par une agence postale tenue par l'épicier de l'endroit ? Combien de bureaux de poste qui, dans les villes, ont diminué leurs horaires d'ouverture ? Et cela fait belle lurette qu'au lieu des deux distributions de courrier par jour, il n'y en a plus qu'une seule !

Tout a été fait pour que La Poste puisse rapporter du profit privé. En faisant sauter les derniers obstacles juridiques devant l'ouverture aux capitaux privés, un pas de plus sera franchi. Les travailleurs de La Poste, leur emploi, leurs salaires, leurs conditions de travail en seront les premières victimes. Alors, ils ont toutes les raisons de se battre.

Mais l'attaque contre les postiers concerne l'ensemble des travailleurs de ce pays. En tant qu'usagers à qui la prétendue " mission de service public " offre de moins en moins de services. Il ne faut pas être devin pour savoir que les capitaux privés qui seront placés dans des actions de la future Poste privatisée chercheront le maximum de profit et n'auront que faire des services non rentables, comme distribuer le courrier dans un village éloigné ou ouvrir des guichets supplémentaires en embauchant pour mettre fin aux queues interminables.

Mais les salariés ont intérêt aussi en tant que travailleurs à ce que le 23 septembre soit un commencement, et pas un baroud d'honneur. Les inquiétudes et les aspirations des postiers sont les mêmes que celles de tous les salariés : emploi, salaires, conditions de travail. Les postiers ont tout intérêt à ce que les classes populaires comprennent et approuvent leur mouvement. Mais c'est justement en tant que salariés, avec les méthodes de lutte des travailleurs, grèves et manifestations, qu'ils peuvent faire plus que d'obtenir leur sympathie : les entraîner.

Aussi, si la protestation contre la privatisation peut prendre bien des formes, il ne faut pas que le mécontentement soit canalisé exclusivement vers des formes d'expression qui échappent aux salariés, un référendum par exemple, dont l'initiative dépend des députés, c'est-à-dire des états-majors politiques qui ont tous une responsabilité dans la dégradation de la situation à La Poste.

De plus, les postiers n'ont pas intérêt à ce que leur emploi, leurs conditions de travail et leurs salaires dépendent d'un vote où leurs aspirations seraient noyées sous les votes de catégories sociales qui ne voient aucun inconvénient à la privatisation, voire qui la souhaitent par conviction ou trompés par la propagande gouvernementale.

Les postiers, fonctionnaires comme contractuels, sont encore nombreux. Ils sont présents un peu partout dans le pays. Ils représentent une force. La réussite de la journée du 23 septembre dépend avant tout d'eux-mêmes et de leur volonté de se battre. Mais la suite, indispensable, dépend de tous les salariés.

Il est vital que le monde du travail réagisse dans son ensemble, car la classe capitaliste fera tout pour faire payer aux exploités la grave crise dans laquelle s'enfonce son économie.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 15 septembre

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