Renault Douai : Ce n'est pas aux emplois, c'est aux profits qu'il faut s'en prendre18/09/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/09/une2094.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Douai : Ce n'est pas aux emplois, c'est aux profits qu'il faut s'en prendre

À Renault Douai, le directeur et la presse locale se veulent rassurants : l'usine ne serait pas concernée par le plan " d'économies " de Carlos Ghosn, qu'il faudrait d'ailleurs plutôt appeler un plan de licenciements.

L'usine, paraît-il très " flexible ", est " capable de s'adapter à tous les rythmes de travail ". Parlons-en, de la flexibilité ! L'année 2007 a été marquée par des dizaines de journées non travaillées, soi-disant parce que la Mégane et la Scénic ne se vendaient plus aussi bien. Comme ces journées sont quand même payées, au terme d'un accord de flexibilité signé par la direction et les syndicats de l'usine, sauf la CGT, elles sont inscrites dans des compteurs-temps qui explosent. Les travailleurs sont de plus en plus nombreux à " devoir " jusqu'à soixante jours au patron ! Comme l'accord permet un compte sur trois ans, cela fait trois ans de samedis travaillés et d'heures supplémentaires non payées en perspective quand le nouveau modèle arrivera, avec des semaines pouvant aller jusqu'à 48 heures.

C'était déjà trop, mais la direction vient d'ajouter deux journées non travaillées aux 22 annoncées juste avant les congés. Ce qui fait que les semaines sont, en ce moment, de trois jours et qu'une période non travaillée aura lieu du 22 octobre au 12 novembre.

Mais dans les périodes travaillées, c'est toujours à la cadence maximum ! La vitesse de chaîne a été augmentée de deux centièmes avant les congés et c'est toujours cette vitesse-là actuellement. Plutôt que de diminuer les cadences pour produire moins, la direction a choisi de supprimer les lundis et vendredis. Mais ce faisant, elle charge nos compteurs-temps, et donc nos semaines et nos mois futurs. À Renault Douai nous avons déjà l'expérience de semaines chargées. Quand il fallait 2 400 véhicules par jour, il y a quatre ans, les heures supplémentaires étaient légion, les samedis travaillés étaient la règle et les cadences étaient harassantes. Il y avait aussi près de deux mille intérimaires et nous étions alors plus de huit mille dans l'usine.

Aujourd'hui, tous les intérimaires ont été renvoyés, des postes de travail ont été supprimés, des travailleurs ont été " prêtés " à d'autres usines... et nous ne sommes plus que 5 400. Autant dire que les plans de suppressions d'emplois, ça aussi à Renault Douai on connaît !

Carlos Ghosn tente de semer l'inquiétude dans le groupe, faisant croire que la situation est grave pour essayer d'éviter des réactions des travailleurs. Mais il ne dit rien des profits du groupe. Au premier semestre 2008, les profits ont augmenté de 21 % par rapport au premier semestre 2007. Les dividendes versés aux actionnaires sont passés de 200 millions d'euros en 2000 à 913 millions d'euros en 2007.

Alors, plutôt qu'à nos emplois et à nos conditions de travail, c'est aux profits qu'il faut s'en prendre !

Partager