Alitalia : Chantage à la faillite pour faire accepter les licenciements18/09/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/09/une2094.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Alitalia : Chantage à la faillite pour faire accepter les licenciements

Quatre grandes confédérations syndicales italiennes ont signé l'accord-cadre proposé par le gouvernement Berlusconi pour " sauver " la compagnie aérienne Alitalia.

L'accord reste encore imprécis mais son objectif est net : faire payer aux travailleurs la situation financière de la compagnie nationale italienne.

Les repreneurs, seize industriels italiens, sont les promoteurs d'une nouvelle compagnie, la CAI (Compagnie aérienne italienne), qui doit se substituer à Alitalia. Ils doivent embaucher une partie des salariés qui, bien sûr, devront " travailler davantage ", avec à la clé des milliers de licenciements (on parle de 3 200), des salaires bloqués ou réduits, des conditions de travail aggravées.

Les quatre confédérations ont signé cette capitulation qui leur lie les mains mais qui, surtout, est un coup de massue pour les travailleurs. Le leader de la CISL, Raffaele Bonani, a même osé dire qu'ils avaient fait du " bon travail " en parvenant à réduire d'un millier le nombre de suppressions de postes. Mais qu'en sera-t-il vraiment à l'avenir ? Personne ne le sait.

Ils ont cédé au chantage des patrons et de Berlusconi qui annonçaient que, faute d'accord, ce serait " la faillite, 20 000 emplois en moins ". Ce n'est pas la première fois : en 1994, le PDG de l'époque prédisait " la faillite " ; et un nouveau contrat avait supprimé les avancements à l'ancienneté, diminué les périodes de repos et le nombre de membres d'équipage ; deux ans plus tard, c'était la réduction des congés payés et l'allongement de la durée du travail. En 2002, ce fut une nouvelle " baisse des coûts du travail " et " une augmentation de la productivité ".

Il y a six mois, lors de la campagne électorale, pour contrer son adversaire Romano Prodi, qui préconisait un rachat d'Alitalia par Air France, Berlusconi affirmait qu'il trouverait une " solution italienne " pour sauver la compagnie. Mais, l'élection passée, il n'a trouvé que les vieilles recettes : le chantage à la faillite et les calomnies contre des travailleurs qui seraient " privilégiés ".

Italienne ou française, la " solution " des patrons est la même. Il n'est pas dit d'ailleurs qu'on ne revoie pas Air France réapparaître, peut-être en compagnie de Lufthansa, en tant qu'actionnaires minoritaires. Le gouvernement italien cherche effectivement des capitaux et ces compagnies s'intéressent aux lignes aériennes actuellement exploitées par Alitalia, surtout si c'est avec une bonne rentabilité... et une masse salariale réduite.

Pour le moment, d'autres organisations syndicales d'Alitalia, " syndicats de base " ou syndicats autonomes, dont celui des pilotes, n'ont pas accepté l'accord signé par les confédérations. Et surtout les travailleurs d'Alitalia, en colère, continuent à manifester. Il est sûr qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour contrer les attaques gouvernementales et patronales.

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