Palestine : Les responsabilités des dirigeants israéliens et occidentaux20/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2003.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Palestine : Les responsabilités des dirigeants israéliens et occidentaux

Après que Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, eut annoncé samedi 16 décembre la tenue d'élections présidentielles et législatives anticipées, des affrontements armés entre factions rivales du Fatah et du Hamas ont eu lieu à Gaza, faisant trois morts et plus de vingt blessés pour la seule journée du dimanche 17 décembre. Le Hamas, aujourd'hui majoritaire au Parlement refuse de nouvelles élections et juge qu'Abbas cède aux injonctions israéliennes.

Sont-ce là des signes avant-coureur d'un conflit pour l'heure sporadique mais qui pourrait déboucher sur une véritable guerre civile? Toujours est-il que les tensions sont vives entre les courants politiques palestiniens cherchant le soutien des puissances occidentales et ceux se déclarant, du moins en paroles, plus radicalement opposés à Israël d'une part, et à la politique que ces dernières mènent au Proche et Moyen-Orient d'autre part.

Cette situation n'est d'ailleurs pas propre aux Territoires occupés de Palestine. On la retrouve au Liban et même de façon plus particulière en Irak.

En demandant des élections anticipées, au motif qu'elles pourraient permettre une sortie de crise, Abbas a reçu le soutien public des leaders occidentaux, y compris ceux d'Israël, dont le porte- parole a déclaré que le gouvernement israélien «soutient les Palestiniens modérés qui tentent de parvenir à des négociations avec Israël sans recourir à la violence. Abou Mazen (Mahmoud Abbas) est un dirigeant de ce type.»

Mais que pourraient bien apporter des élections anticipées? Les dernières qui ont eu lieu au début de l'année 2006, c'est-à-dire il y a moins d'un an, s'étaient déroulées de façon démocratique aux dires des envoyés de l'ONU qui les supervisaient. Seulement, c'est le Hamas qui en était sorti victorieux et cela avait fortement déplu, tant à Israël qu'aux États-Unis et aux dirigeants occidentaux en général. Ceux-ci avaient alors rompu avec le tout nouveau gouvernement palestinien et tari les quelques aides financières versées jusque-là. Avec la délicatesse et le tact qui le caractérisent, le gouvernement israélien a, pour sa part, purement et simplement volé le montant des taxes et autres recettes de TVA devant revenir aux Palestiniens. Des commandos de son armée ont même pénétré dans des banques de Cisjordanie pour s'emparer des avoirs déposés, au prétexte qu'ils pouvaient servir à fomenter des actes terroristes.

Alors, si après de nouvelles élections le Hamas l'emportait, ce qui est tout de même une réelle possibilité, qu'y aurait-il de changé? Les Israéliens et les Occidentaux reconnaîtraient-ils le gouvernement qui en serait issu? Sûrement pas. La démocratie, ils ne la respectent que quand cela les arrange.

Et si c'était le courant représenté par Abbas qui l'emportait, la situation des Palestiniens connaîtrait-elle une embellie? Ce n'est même pas sûr. Les sanctions financières, et en particulier celles imposées par l'Europe, seraient peut-être allégées et les aides pourraient redevenir plus importantes. Mais du côté israélien, il est probable que rien ne serait modifié. La colonisation continuerait de s'étendre et surtout, Israël maintiendrait sa politique d'étouffement économique en limitant les déplacements des Palestiniens, en fermant les points de passage de la bande de Gaza, en imposant des centaines de barrages et des fermetures de routes à l'intérieur même de la Cisjordanie.

Dans les Territoires palestiniens la situation est aujourd'hui catastrophique. Plus d'un million de Palestiniens vivent dans un état de «pauvreté profonde», comme l'indique un rapport de l'ONU. Et cela n'est pas dû au gouvernement qu'ils se sont choisi mais à une politique délibérée de spoliation menée par Israël depuis des décennies; politique menée avec la complicité des puissances impérialistes, dont les dirigeants versent de temps à autre une larme sur le sort des populations sans rien faire pour y remédier.

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