Dans le commerce et la distribution le nombre des accidents de travail est en constante augmentation. Leur fréquence est même plus élevée dans les centrales d'achat, ces grands entrepôts où les marchandises sont stockées et réparties entre les magasins de toute une région, que dans le bâtiment.

À force d'empiler et de désempiler trop vite des marchandises trop lourdes, placées trop haut, trop bas ou trop loin dans les rayons, 85% des personnes qui travaillent dans les supermarchés souffrent du dos, des poignets, des épaules. Cela se voit et ils le disent, mais c'est maintenant un organisme lié à la Médecine du Travail qui vient de donner ce chiffre dans une enquête.

L'étude ajoute que 80% des salariés disent devoir se dépêcher dans leur travail, la moitié ne peut pas faire de pause quand ils le souhaitent et 40% se déclarent «tendus et crispés». Cela n'a rien d'étonnant car, aux caisses comme dans les rayons, les travailleurs sont maintenus constamment sous pression par la hiérarchie, quand ce n'est pas surveillés par la vidéo. De plus les exemples d'employés de commerce licenciés pour des peccadilles ou même arbitrairement ne manquent pas. Les patrons ajoutent ainsi délibérément le stress aux tâches pénibles et répétitives.

Interrogé par des employées de la grande distribution qui, travaillant malgré elles à temps partiel, ne gagnent pas de quoi vivre, Villepin a répondu: «C'est une situation douloureuse». Et, comme ce n'est pas lui qui a mal au dos, il ne propose pas d'augmenter les salaires, mais de rallonger le temps de travail.

Pourtant travailler moins vite, sans s'abîmer la santé, et pour un salaire qui permette de vivre décemment, cela n'aurait rien d'impossible. À condition de prendre, par exemple, sur les 735 millions de bénéfice semestriel du groupe Carrefour.