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Leur société
Sans-abri : Il faudra autre chose que les promesses électorales pour régler le problème
À Paris, depuis le 16 décembre, une centaine de tentes igloos rouges, marquées d'un gros sigle blanc «SDF», sont alignées sur les berges du canal Saint-Martin. Les enfants de Don Quichotte, qui ont dressé le campement, invitent ceux qui ont un domicile à venir passer une nuit avec ceux qui n'en ont pas. Ils ont réussi la première manche de leur combat, qui est de «créer l'événement pour qu'on parle des sans-abri».
D'autant que lundi 18 décembre au petit matin, dans le quartier de la gare d'Austerlitz, une vingtaine de sans-domicile, qui dormaient eux aussi sous des tentes, ont été réveillés par les forces de police et chassés, mettant à la une cette misère que tout le monde connaît, mais dont les gouvernants n'aiment pas qu'on la voie.
Ce ne sont pas les tentes qui les choquent, mais les pauvres qu'elles abritent et qui font mauvais effet à l'approche des fêtes de fin d'année, et alors que le commerce bat son plein. De même cet été, à l'occasion des festivités de Paris-Plage, les tentes des pauvres avaient été l'objet d'une polémique lamentable, la Mairie de Paris ayant mandaté des associations pour inciter leurs occupants à les quitter. Les riverains se plaignaient: les pauvres faisaient tache dans le décor.
Aujourd'hui, en France, on estime à environ 100000 le nombre de sans-abri. Parmi eux, près de 30% travaillent, mais avec un salaire qui ne leur permet même pas de dormir sous un toit. Pour eux, chaque soir voit naître l'angoisse de la recherche de l'endroit où dormir. Les conditions d'hébergement dans les foyers sont souvent si indignes que certains sans-abri refusent d'y aller. Ils dorment dans des encoignures de portes, d'autres se construisent des abris de fortune qui n'ont rien à envier aux baraquements des bidonvilles d'autrefois. Dès que les grands froids arrivent, au matin, la radio égrène le nombre de morts...
Et pendant ce temps-là, le même Sarkozy qui est au gouvernement depuis cinq ans ose jurer que, s'il est élu, dans les deux années qui suivraient «plus personne ne serait obligé de dormir sur le trottoir».