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- Lutte ouvrière n°2003
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Dans les entreprises
Aéroports : Retraits de badges, l’arbitraire des autorités et du patronat!
«Les travailleurs peuvent être privés de leur travail du jour au lendemain à cause d'une décision arbitraire», a dénoncé Arlette Laguiller jeudi 14 décembre. Elle était venue apporter son soutien au rassemblement de plusieurs centaines de travailleurs de la plate-forme aéroportuaire de Roissy contre les mesures discriminatoires qui ont frappé 3500 travailleurs du transport aérien depuis 2004, sous prétexte de garantir la sécurité des aéroports.
Depuis quelques années maintenant, tous ceux qui sont embauchés pour travailler dans les «zones réservées» d'un aéroport (par exemple, les mécaniciens-avion, les bagagistes, les travailleurs de piste, les salariés des entreprises de la «zone sous douane», ceux qui fournissent les plateaux-repas à bord des avions, etc.) doivent obtenir une habilitation, délivrée par la préfecture aérienne. Cette habilitation leur donne le droit de travailler dans des secteurs où se trouvent des avions. Elle se traduit par l'attribution d'un badge personnel qui doit être renouvelé à intervalles réguliers. Cela peut se faire même plusieurs fois par an pour les travailleurs de sous-traitants d'Air France, Aéroports de Paris, etc., quand ils changent d'employeur ou au gré des rachats -très fréquents- d'une de ces entreprises par une autre.
Ce système des badges est une épée de Damoclès au-dessus de la tête de dizaines de milliers de travailleurs (en deux ans, la préfecture a traité 177000 dossiers de renouvellement de badge). Un non-renouvellement de badge se traduit automatiquement par une interdiction de travailler en «zone réservée», c'est-à-dire en clair par un licenciement, sans préavis ni indemnités.
Si l'importance des contrôles de sécurité est compréhensible, la multiplication des fouilles et des contrôles rend la situation de plus en plus insupportable pour des travailleurs appelés à se déplacer dans les «zones réservées».
Avec les dispositions du plan Vigipirate, l'omniprésence policière sous prétexte de lutte contre le terrorisme s'accompagne de vexations répétées et d'une pression permanente à l'encontre de travailleurs. Les employeurs se servent à l'occasion de la situation ainsi créée pour tenter d'imposer encore plus leur loi.
Ainsi, lors de conflits récents (chez les bagagistes, à Servair), on a vu des employeurs, du personnel d'encadrement, voire des membres des forces de l'ordre, user du chantage au non-renouvellement de badge pour tenter de faire céder des grévistes ou vouloir leur interdire de faire grève en «zone réservée». Sans oublier les accusations policières proférées dans certains cas sans aucun fondement, ce que la justice a reconnu, contre des bagagistes musulmans de Roissy qu'on avait privés de badge en les suspectant de soutenir des organisations terroristes.
La sécurité est une chose. L'arbitraire des autorités, le chantage contre les travailleurs et la façon dont des employeurs s'en servent pour tenter de brider leur personnel, voire de se débarrasser sans frais de certains travailleurs, c'est tout autre chose.
C'est ce qu'ont voulu faire entendre les manifestants du 14 décembre. Et c'est ce qu'il faudra faire entendre de plus en plus fort à l'avenir sur les aéroports, si l'on ne veut pas que patrons, préfet et policiers, main dans la main, y dictent de plus en plus leur loi.