Italie : Les dirigeants syndicaux contestés par les travailleursde FIAT20/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2003.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Les dirigeants syndicaux contestés par les travailleursde FIAT

Il y avait 26 ans que les trois dirigeants confédéraux des grandes centrales syndicales italiennes Cgil, Cisl et Uil ne s'étaient pas rendus dans la grande usine Fiat de Mirafiori, à Turin. La dernière fois, c'était à l'automne 1980 pour recommander aux travailleurs de Fiat d'accepter les 23000 licenciements décidés par la direction, et les trois secrétaires confédéraux avaient, comme on s'en doute, été mal reçus. En cette automne 2006, le jeudi 7 décembre, c'était pour expliquer les résultats de leur concertation avec le gouvernement Prodi, qui dans le langage des dirigeants syndicaux est un «gouvernement ami». Et cela est passé au moins aussi mal.

Cela fait six mois que le nouveau gouvernement est en place. Avant les élections, Prodi avait fait campagne sur la nécessité de redonner du pouvoir d'achat, proposition condensée dans une mystérieuse diminution de 5% de ce qu'il nommait le «coin fiscal» et dont personne ne pouvait fournir une explication claire. Mais six mois après, il est clair pour tout le monde que cela n'était que du vent.

Entre temps, Prodi et sa majorité de gauche ont fait adopter pour 2007 un budget d'austérité comportant pour 20 milliards d'euros d'économies, en grande partie sur les services publics. Les promesses de remettre en question les lois instituant la précarité se sont envolées. Les «liquidations», autrement dit les indemnités auxquelles chaque travailleur a droit après un certain temps passé dans une entreprise vont passer, au choix, sous contrôle des fonds de pension ou de la sécurité sociale, et chacun comprend qu'il risque bien de n'en voir plus jamais la couleur. Enfin, le budget voté, on s'achemine en janvier vers une grande table ronde sur les retraites dont le programme est pratiquement connu d'avance: c'est l'augmentation de l'âge de la retraite et en conséquence la diminution de leur montant.

C'est dans ces conditions que les trois secrétaires étaient venus présenter chez Fiat leurs «résultats», à travers quelques explications laborieuses. Mais dans les trois assemblées organisées, sifflets et critiques ont fusé. «Les syndicats se sont couchés devant le gouvernement», «Il n'y a pas de gouvernement ami», «Pas touche aux retraites», «Vous êtes la béquille du gouvernement», «Pourquoi ne nous avez-vous pas consultés?» ne sont que quelques-unes des interpellations qu'ils ont entendues. L'après-midi, Bonanni le secrétaire de la Cisl -équivalent de la CFDT- n'a simplement pas pu parler.

La façon dont les trois secrétaires ont été reçus à Mirafiori a fait les titres des journaux, apparemment surpris que les ouvriers contestent les dirigeants syndicaux, voire même surpris, à force d'enterrer la classe ouvrière dans leurs articles, que celle-ci existe encore et même qu'elle soit en colère contre des gens qui parlent en son nom, mais qui se comportent en auxiliaires directs d'un gouvernement et de sa politique antiouvrière. Il reste à espérer que la presse doive s'y habituer.

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