Les propositions sociales de François Hollande : Pas de quoi inquiéter le patronat...20/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2003.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les propositions sociales de François Hollande : Pas de quoi inquiéter le patronat...

...et pas de quoi rassurer les travailleurs

Interrogé par le quotidien Le Monde, François Hollande, premier secrétaire du PS, a fait connaître les principales orientations économiques et sociales qu'il défend au nom de son parti, dans la perspective d'un retour au pouvoir en 2007.

Le seul engagement précis de François Hollande a porté sur la remise en cause des baisses d'impôt sur les revenus accordées par la droite: «Nous reviendrons sur toutes les baisses d'impôts sur le revenu qui ont été accordées sur les tranches supérieures du barème... Nous nous remettrons au niveau de 2002.» Certes, les baisses d'impôts mises en place par la droite sont choquantes. Mais même sur ce terrain limité, en proposant d'en revenir «au niveau de 2002», le dirigeant du PS oublie que la gauche au pouvoir a, elle aussi, contribué à faire baisser le taux de l'impôt sur le revenu, dont le taux maximum était encore de 65% en 1986.

Et pour le reste? C'est le flou, pour ne pas dire l'ambiguïté.

Sur les exonérations de cotisations sociales accordées aux patrons, qui plombent les budgets de l'État et de la Sécurité sociale, François Hollande déclare: «Elles dépassent 25 milliards d'euros, sans véritable contrepartie. Nous les remettrons sous conditions.» Ce qui veut dire en clair que les patrons peuvent dormir en paix, le Parti Socialiste maintiendra ces cadeaux à fonds perdus, en échange de nouvelles «conditions» qui risquent de n'être qu'un nouvel emballage.

Sur les retraites, la seule chose que le dirigeant du PS propose d'abroger, dans la réforme Fillon, porte sur «les décotes qui touchent les carrières non complètes, notamment pour les femmes». Sur le reste, il n'y a que la promesse de négociations.

François Hollande avance même une nouvelle idée pour financer les retraites: une nouvelle CSG qui serait, selon lui, payée «par moitié par les employeurs et les salariés», pour l'autre moitié calculée «sur l'ensemble de la richesse produite». Mais c'est exactement ce qu'on a prétendu pour la CSG actuelle, et chacun a pu constater que c'est d'abord et avant tout dans la poche des travailleurs, chômeurs et retraités qu'on avait puisé. Alors, c'est peu dire qu'il y aurait tout à craindre de ce genre de «solidarité».

Et si Hollande se propose d'abroger le CNE, pour le reste, c'est le vide. Sur les licenciements, si le PS vient au pouvoir, pas question de les interdire, ou même de les entraver: non, il faudra se contenter de ce qui suit: «Les indemnités de licenciement seront relevées d'autant plus que l'ancienneté est grande et que l'obligation de reclassement n'est pas réalisée.» Sur l'emploi, on a droit à un discours, là aussi, pas très éloigné de celui de Sarkozy: des formations, toujours des formations, pour obtenir du chômeur «un effort rapide de retour à l'emploi».

Enfin, ce qu'a proposé Hollande sur les salaires est bien révélateur. Au-delà des formules creuses sur les négociations nécessaires entre patrons et syndicats, il a déclaré: «Nous encouragerons les négociations par un nouveau mécanisme d'exonérations de cotisations sociales.» Autrement dit, ce sera un prétexte pour distribuer aux patrons encore un peu plus l'argent venant des cotisations des salariés.

Des mot creux pour les travailleurs, des promesses sonnantes et trébuchantes pour le patronat: sur ce terrain-là, la gauche au gouvernement a déjà largement montré, avec Jospin, Aubry et aussi Royal, qu'elle savait tenir ses promesses.

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